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Au lendemain de la promulgation d'une loi durcissant la répression de l'homosexualité en Ouganda, le tabloïd "Red Pepper" a publié mardi les noms, adresses et photos de 200 personnalités qu'il prétend homosexuelles.

"Démasqués !" titre, en gros caractères, le tabloïd ougandais "Red Pepper", ce mardi 25 février. Le magazine, à la réputation sulfureuse, explique ensuite le contenu du dossier qui fait sa une : "Le top des 200 principaux homosexuels ougandais".

Au lendemain de la promulgation d'une loi durcissant la répression de l'homosexualité en Ouganda, le magazine s’en donne à cœur joie, publiant noms, photos et adresse de 200 personnes qu’il prétend homosexuelles. Les identités d’activistes notoires de la cause homosexuelle y figurent notamment, mais la grande majorité des noms dévoilés sont ceux de personnes n’ayant jamais affiché publiquement leur orientation sexuelle.

"Je suis officiellement une criminelle", a tweeté Jacqueline Kaska, une activiste connue

pour avoir déjà été citée par "Rolling Stone", un autre tabloïd. "La chasse aux sorcières est de retour", a-t-elle encore commenté. Car la presse ougandaise n’en est pas à son galop d’essai : il y a quatre ans, en octobre 2010, ce magazine avait dévoilé les noms de 100 personnes que la publication affirmait homosexuelles sous le titre "Pendez-les !".

Lynché
Quelques mois plus tard, David Kato, un activiste ougandais dont le nom et la photo avaient été publiés, était retrouvé mort à son domicile, roué de coups. Il militait au sein de l'association Minorités sexuelles en Ouganda, à la pointe du combat contre un précédent projet de loi anti-homosexualité prévoyant la peine de mort pour les "récidivistes".

Fin 2013, le "Red Pepper" avait également publié les photos d'un retraité britannique, en pleine relation sexuelle avec un homme, images privées tirées d'un ordinateur qui lui avait été volé lors d'un cambriolage, entraînant l'inculpation de l'intéressé pour "trafic d'images obscènes".

Le Britannique a finalement été acquitté mi-janvier, mais expulsé d'Ouganda car accusé de corrompre les mœurs de la jeunesse ougandaise.
Lundi, le président ougandais Yoweri Museveni a promulgué une loi durcissant la répression déjà sévère de l'homosexualité - passible de la prison à vie - en prohibant notamment la "promotion" de l'homosexualité, et qui oblige à dénoncer quiconque s'affiche homosexuel. La loi a été accueillie par une avalanche de condamnations internationales, les Pays-Bas suspendant même le versement d’une aide.