
Avant de fuir, le président Viktor Ianoukovitch a tenté de détruire des documents. Des bénévoles sont à pied d'œuvre pour tenter de les conserver. Ils contiendraient des preuves à charge contre l'ex-chef d'État accusé de corruption. Reportage.
C'est l'une des plus petites maisons de l'immense propriété que le président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch possédait à Mejiguiria, située à une quinzaine de kilomètres de Kiev. À l'intérieur de cette maison, une équipe de bénévoles travaille jour et nuit pour sauver des milliers de documents trouvés au fond d'un lac voisin. La plupart d'entre eux concernent des opérations financières et montrent des dépenses exorbitantes. De quoi choquer en Ukraine où le salaire moyen mensuel est de 300 euros. Visiblement le président déchu a tenté de les détruire avant de prendre la fuite, samedi 22 février.
"Il n'y a pas tant de documents que ça, qui ont été brûlés parce qu'on pense qu'ils n'ont pas eu le temps de le faire et c'est pourquoi ils ont tout jeté à l'eau", explique Inna Brozylo du mouvement anti-corruption Chesno. Il a vu le jour en 2011 et lutte notamment pour une plus grande transparence dans la vie politique ukrainienne. Avec d'autres membre de cette organisation, Inna Brozylo classe et conserve tout les documents présents et espère qu’ils pourront servir à confondre Ianoukovitch devant la justice. Les bénévoles affirment que des preuves d'actes répréhensibles apparaissent sur ces pages, y compris des preuves d'argent versé à des services de sécurité.
Préserver les documents
"On suppose que les accords les plus importants entre différentes entreprises ont été brûlés. Les documents sont éparpillés autour de la maison. Pour le moment, la priorité n'est pas de les analyser, mais de les préserver physiquement", poursuit la jeune femme.
"Les papiers révèlent les sommes astronomiques dépensées par le Président mais aussi des indices faisant référence à du blanchiment d'argent. Même les professionnels de la lutte contre la corruption ont dû mal à croire ce qu'ils ont trouvé", s’indigne Tetyana Peklun, elle aussi membre de Chesno. Pour Inna Brozylo, "toutes les rumeurs, toutes les hypothèses à propos de Ianoukovitch et de l'ampleur de la corruption sont en train de se vérifier".