
Le président du Conseil italien Matteo Renzi a obtenu, mardi 25 février, la confiance des députés, 24 heures après celle des sénateurs. Dans un discours aux accents pro-européens, il invite l'Italie à un "changement radical et immédiat".
Sans surprise, la Chambre des députés, où le Parti démocrate (PD, centre-gauche) de Matteo Renzi est largement majoritaire, a voté la confiance au nouveau président du Conseil Matteo Renzi. Sur 599 députés présents, 378 ont voté pour, 220 contre et un seul député s'est abstenu.
Dans la nuit de lundi à mardi, le gouvernement avait déjà obtenu le "oui" de 169 sénateurs tandis que 139 ont voté contre. Suite à ce premier plébiscite dans la nuit du 25 février, Matteo Renzi n’a pas mâché ses mots. Incisif et plein d'énergie, le nouveau Premier ministre italien a invité ses concitoyens à un "changement radical et immédiat", lors d'un discours pro-européen devant les élus.
"L'avenir de l'Italie n'est pas de pleurer du matin au soir, ou d'être la lanterne rouge de l'Europe", "l'Italie veut devenir un lieu d'opportunités", avait lancé le fougueux président du Conseil dans un discours d'une heure, en grande partie improvisé.
Réforme électorale et réduction du rôle du Sénat
Quelques heures avant le vote du Sénat, Matteo Renzi avait détaillé devant la chambre haute un ambitieux calendrier de réformes, du système électoral à la justice en passant par une nette réduction du coût du travail.
Celui qui, à 39 ans, est le plus jeune président du Conseil italien, a assuré qu'il comptait achever d'ici la fin du mois prochain les débats sur son projet de réforme électorale et institutionnelle, qui prévoit de rationaliser le fonctionnement des gouvernements régionaux et de réduire le rôle du Sénat.
Volontiers provocateur, l'ex-maire de Florence, a rappelé qu'il n'avait pas l'âge requis pour siéger au Sénat (40 ans) et a confirmé que l'abolition de cette chambre sous sa forme actuelle figurait en bonne place dans son programme. "J'espère être le dernier Premier ministre à réclamer la confiance du Sénat", a-t-il même lancé, alors que l'existence même de son gouvernement dépendait du vote de confiance des sénateurs.
Le Sénat dispose pour l'heure des mêmes pouvoirs législatifs que la Chambre des députés, ce qui a conduit à un blocage politique après les élections parlementaires de février 2013.
"Le temps du courage est venu"
A contre-courant du sentiment anti-européen qui croît dans la péninsule, M. Renzi s'est livré à un vibrant plaidoyer en faveur de l'Union européenne, dont l'Italie assurera la présidence tournante semestrielle à compter du 1er juillet.
"La tradition européenne et européiste représente la meilleure partie de l'Italie ainsi que sa certitude d'avoir un avenir", a-t-il dit. "Ce ne sont pas Angela Merkel et Mario Draghi qui nous demandent de tenir nos comptes publics en ordre", a-t-il poursuivi en évoquant la gigantesque dette du pays, plus de 130% du PIB. "Nous devons le faire par respect pour nos enfants, pour ceux qui viendront après nous", a-t-il lancé, alors que le pays sort timidement de la récession.
Rappelant les grandes réformes qu'il avait annoncées la semaine dernière - loi électorale, travail, administration publique, fisc, réforme de la justice -, M. Renzi n'a toutefois guère dévoilé de mesures concrètes.
Comme son prédécesseur, Enrico Letta, qu'il a écarté grâce à un coup de force au sein de leur Parti démocrate (PD), Matteo Renzi s'appuie sur une coalition gauche-droite: le PD, première force de centre gauche, le Nouveau Centre droit (NCD) d'Angelino Alfano, ministre de l'Intérieur et ex-allié de Silvio Berlusconi, et Choix citoyen, le parti centriste de Mario Monti. Pour mener ses réformes, M. Renzi va s'appuyer sur son ministre de l'Economie, Pier Carlo Padoan, ex-chef économiste de l'OCDE.
Fort de 16 ministres, dont les deux tiers sont nouveaux, le nouvel exécutif paraît moderne et jeune, mais beaucoup sont néophytes et connaissent mal les dossiers techniques. M. Renzi s'expose en première ligne et l'a d'ailleurs reconnu, en concluant devant les sénateurs: "Le temps du courage est venu. Si nous perdons ce défi, ce sera ma faute, nous ne chercherons pas d'alibi".
Avec AFP et Reuters