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Plus de 200 manifestants interpellés à Moscou

Plus de 200 personnes venues soutenir des manifestants condamnés à de lourdes peines de prison ont été interpellées à Moscou lundi 24 février. Certains d'entre eux ont scandé des slogans en référence à la révolution en cours en Ukraine.

La police a arrêté entre 200 et 230 personnes rassemblées devant un tribunal de Moscou où étaient prononcées les peines de huit prévenus jugés pour des faits commis lors d'une manifestation contre Vladimir Poutine, selon les chiffres obtenus par les agences de presse auprès de la police et de l'opposition.

"Maidan !", ont scandé les manifestants venus les soutenir, en référence à la place du centre de Kiev devenue le symbole de la contestation.

"La police ciblait systématiquement les personnes qui scandaient des slogans, mais il y avait aussi des arrestations arbitraires de personnes qui étaient là en silence," rapporte Elena Volochine, correspondante de FRANCE 24 sur place. "Il y a eu un moment très comique lorsqu'un homme portant le masque de Vladimir Poutine a à son tour été escorté vers la fourgonnette de la police : la foule a alors applaudi", ajoute-t-elle.

Selon notre correspondante, la police reprochait aux personnes interpellées de participer à un rassemblement non-autorisé, tandis que ces dernières affirmaient venir assister au procès mais en être empêchées en raison du bouclage du tribunal par les forces de sécurité. Elena Volochine précise que les personnes interpellées dans ces conditions sont habituellement relâchées peu après.

Parmi les personnes arrêtées figure Alexeï Navalni, qui s'est imposé en tant que porte-parole de l'opposition lors des manifestations de 2011 et 2012.

Plusieurs centaines de manifestants étaient venus soutenir les accusés de l'affaire "Bolotnaïa", du nom de la place de Moscou où une manifestation s'est déroulée le 6 mai 2012, veille de l'investiture du chef de l'Etat.

"Troubles massifs"

Les huit prévenus - sept hommes et une femme âgés pour la plupart d'une vingtaine d'années - ont été reconnus coupables vendredi de "troubles massifs" et de voies de fait à l'encontre de policiers. Sept ont été condamnés lundi à des peines de prison ferme allant de deux ans et demi à quatre ans et le huitième a bénéficié d'un sursis.

"La définition légale des troubles massifs, ce sont des pogroms, des destructions de biens, un usage d'arme ou d'explosifs, or ça ne correspond pas du tout à ce qui s'est passé ce jour-là", constate Elena Volochine, qui rapporte plutôt des échauffourées après une décision de la police modifiant l'itinéraire de la manifestation au dernière moment.

"C'est un jugement injuste, on les a condamnés pour des troubles massifs qui n'ont pas eu lieu", a déclaré l'ex-dissidente soviétique Lioudmila Alexeeva, venue les soutenir. "Quand on voit ce qui se passe dans d'autres pays, peut-on vraiment parler de troubles?", a-t-elle lancé, elle aussi en référence à l'Ukraine.

Le parquet avait requis de cinq à six ans de réclusion, affirmant que 82 policiers avaient été blessés au cours des affrontements. Niant toute instrumentalisation de la justice, le président a estimé que les agressions d'agents des forces de l'ordre ne pouvaient rester impunies.

Mais "pour les familles des prévenus il s'agit bien d'un procès politique pour dissuader les gens de descendre dans la rue", rapporte la correspondante de FRANCE 24.

Amnesty International a également qualifié la procédure de "procès d'affichage à motivation politique" et demandé la libération des huit accusés.

(Avec AFP et Reuters)