Après trois mois de violents affrontements qui se sont soldés par la destitution de Viktor Ianoukovitch, l'Ukraine doit se doter dans les jours qui viennent d'un nouveau gouvernement qui devra s'atteler à la situation économique du pays.
Au lendemain de deux journées décisives, marquées par la destitution du président Viktor Ianoukovitch et la libération de l'opposante Ioulia Timochenko le 22 février, les rues de Kiev ont retrouvé leur calme et l'Ukraine se retrouve face à des choix difficiles. En tête de liste, le choix d'un gourvernement.
Dimanche, le Parlement, désormais dominé par les anti-Ianoukovitch, a pris les choses en main et nommé Olexandre Tourtchinov, un proche de l'opposante Ioulia Timochenko, au poste de chef de l'État par intérim. La nomination d'un gouvernement devrait suivre dans les 48 heures, en attendant la tenue d'une élection présidentielle le 25 mai.
Des difficultés abyssales
Oleksandre Tourtchinov n'a pas fait mystère des difficultés qui attendent le pays: "L'Ukraine est en train de glisser dans le précipice, elle est au bord d'un défaut de paiement", a-t-il dit dans une adresse télévisée à la nation. Il a néanmoins réaffirmé que l'intégration européenne était "une priorité" pour l'Ukraine.
"Nous sommes prêts à un dialogue avec la Russie, en développant nos relations sur un pied d'égalité (...) et qui respecteront le choix européen de l'Ukraine", a-t-il également souligné.
L'Ukraine se trouve face à des difficultés abyssales, à commencer par un risque de défaut de paiement. Bien que ce pays issu de l'Union soviétique ait connu cette semaine ses plus violents affrontements - qui ont fait plus de 80 morts en trois jours -, l'ex-opposition s'est rapidement mise au travail pour remettre le pays en état de marche.
La haute représentante de la diplomatie européenne Catherine Ashton est en outre attendue lundi 24 février à Kiev pour discuter des mesures à prendre pour apaiser le climat et stabiliser l'économie du pays, alors que les Occidentaux ont multiplié dimanche les déclarations appelant à respecter l'intégrité territoriale du pays et éviter sa partition.
Catherine Ashton doit rencontrer lundi les "principaux acteurs" et "discuter du soutien de l'Union européenne à une solution durable à la crise politique, ainsi que de mesures pour stabiliser la situation économique" du pays.
De son côté, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a appelé dimanche à envisager une aide économique. "Une Ukraine en faillite serait un poids trop important aussi bien pour son grand voisin de l'Est que pour l'Union européenne", a-t-il plaidé.
Le spectre de la partition
Reste que les violents affrontements de ces trois derniers mois ont laissé place au recueillement, mais aussi aux premières interrogations. Quel avenir dans les prochains mois pour ce pays de 46 millions d'habitants qui reste divisé entre pro-Européens et pro-Russes ?
Le scénario le plus redouté est celui d’une partition du pays entre l'Est russophone et russophile, majoritaire, et l'Ouest nationaliste et ukrainophone. La communauté internationale a régulièrement exprimé ses craintes sur la possibilité que la crise aiguë, qui a agité l’Ukraine depuis le 21 novembre 2013 n'ait un peu plus creusé le fossé au sein même du pays. Soucieux d'éloigner ce spectre, les dirigeants occidentaux ont lancé dimanche des appels au respect de "l'unité et l'intégrité territoriale du pays".
Une partition de l'Ukraine ou le "retour de la violence" ne seraient dans l'intérêt ni de l'Ukraine, ni de la Russie, ni de l'UE ou des Etats-Unis, a estimé une proche conseillère de Barack Obama, Susan Rice.
La chancelière allemande Angela Merkel et le président russe Vladimir Poutine sont eux aussi tombés "d'accord sur le fait que l'Ukraine doit se doter rapidement d'un gouvernement en mesure d'agir et que l'intégrité territoriale doit être préservée", a annoncé la chancellerie allemande.
Introuvable depuis sa destitution samedi, Viktor Ianoukovitch a été lâché par sa propre formation politique, le Parti des régions. "L'Ukraine a été trahie, les Ukrainiens dressés les uns contre les autres", a affirmé le parti dans un communiqué, ajoutant que Viktor Ianoukovitch était "responsable des événements tragiques" survenus en Ukraine.
Avec AFP