Au lendemain d'une journée historique qui a vu la chute de Ianoukovitch et la libération de l'opposante Timochenko, l'ex-opposition ukrainienne veut un gouvernement d'ici mardi et se dit prête au dialogue avec Moscou "sur un pied d'égalité".
Après trois mois de crise politique aiguë et les violents affrontements qui ont fait 82 morts en trois jours, l'ex-opposition ukrainienne s'est rapidement mise au travail pour remettre le pays en état de marche.
• Nommé dimanche président du pays par intérim, Oleksandre Tourtchinov, chef du Parlement et bras droit de l'ex-Première ministre Ioulia Timochenko, n'a pas fait mystère des difficultés qui attendent le pays. "L'Ukraine est en train de glisser dans le précipice, elle est au bord d'un défaut de paiement", a-t-il dit dans la soirée au cours d’une adresse à la nation diffusée à la télévision. Il a néanmoins réaffirmé que l'intégration européenne était "une priorité" pour l'Ukraine. "Nous sommes prêts à un dialogue avec la Russie, en développant nos relations sur un pied d'égalité (...) et qui respecteront le choix européen de l'Ukraine. J'espère que cette orientation sera confirmée à la présidentielle", a-t-il dit.
• Plus tôt dimanche, le Parlement ukrainien a poursuivi son travail pour définir les grandes lignes de l'après-Ianoukovitch. Une élection présidentielle anticipée a été fixée au 25 mai. Les députés ont, par ailleurs, jusqu'à mardi 25 février pour s'entendre sur la composition d'un gouvernement d'union nationale.
• Déchu par le Parlement, le président Viktor Ianoukovitch a également été lâché par un grand nombre de dirigeants de son Parti des régions. L'endroit où s'est réfugié Viktor Ianoukovitch n'a pas été clairement établi, mais des habitants de Donetsk ont signalé un renforcement de la sécurité dans les alentours de sa résidence locale. Samedi 22 février, les autorités frontalières ukrainiennes avaient annoncé avoir empêché le décollage d'un avion dans lequel Ianoukovitch avait pris place, à l'aéroport de Donetsk, alors qu'il tentait de quitter le pays.
• Par ailleurs, des mandats d'arrêt ont été lancés contre des hommes forts du régime Ianoukovitch, notamment l'ex-ministre des Revenus Oleksandre Klimenko et l'ex-procureur général Viktor Pchonka.
• Plus symboliquement, les parlementaires ont acté la restitution à l'État de la luxueuse résidence du président Ianoukovitch située à une vingtaine de kilomètres de Kiev.
• L'opposante Ioulia Timochenko, libérée samedi après deux ans passés en prison, s'est entretenue avec la chancelière allemande Angela Merkel. Cette dernière l'a félicitée pour sa libération et s'est dite certaine que son retour dans le jeu politique allait contribuer à stabiliser la situation dans le pays. L'ancienne égérie de la révolution orange a annoncé dans un message publié sur le site internet de son parti qu'elle n'était pas intéressée par le poste de Premier ministre. La veille, peu après sa libération, elle s'était rendue place de l'Indépendance, où elle a été accueillie triomphalement par 50 000 personnes. Elle y a prononcé un vibrant discours, rendant hommage aux "héros de l’Ukraine".
• Du côté de la communauté internationale, les réactions se multiplient. Si la Russie s'indigne, l'Union européenne oscille entre soulagement et inquiétude, face à l’immense défi, notamment économique, qui attend l’Ukraine. D'autant que les récents événements devraient fortement remettre en cause la promesse par la Russie d'un crédit de 15 milliards de dollars faite en décembre dernier. La Commission européenne s'est néanmoins déclarée prête à conclure un accord avec l'Ukraine, une fois que celle-ci se serait dotée d'un nouveau gouvernement.
• À Kiev sur le Maïdan (place de l'Indépendance), l'heure était au soulagement et au recueillement. Dans la matinée, quelques centaines de personnes y étaient rassemblées, chantant la main sur le coeur l'hymne national, conclu par de tonitruants "Gloire à l'Ukraine !"
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