logo

Le ministre français du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a annoncé vendredi qu'une compagnie minière publique dotée de 200 à 400 millions d'euros allait être créée pour pour garantir les approvisionnements en métaux et terres rares.

Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, souhaite redonner au secteur minier français son prestige de "la grande époque". Vendredi 21 février, il a annoncé la "renaissance" d'une Compagnie nationale des mines de France (CMF) censée assurer "l'indépendance" de l'Hexagone dans l'approvisionnement en matières premières.

"La grande époque est de retour. Le renouveau minier en France est en route", s'est exclamé vendredi le ministre, à l'occasion d'une visite des carrières souterraines de gypse de Montmorency, dans le Val-d'Oise, exploitées conjointement par le groupe français Saint-Gobain et la société belge Siniat. Arnaud Montebourg a choisi les longs couloirs de ces mines, situées en région parisienne, pour lancer cette idée souvent évoquée depuis son arrivée à la tête du ministère du Redressement : créer une compagnie minière publique afin de permettre à la France de se repositionner sur un secteur crucial pour son industrie.

Une dotation pouvant atteindre 400 millions d’euros

"Nous avons décidé avec le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM, organisme public, ndlr) et l'Agence de participation de l'Etat (APE) de créer cette compagnie nationale qui va constituer une maison mère", en se basant sur le savoir-faire français dans le secteur. Cette CMF, qui verra le jour dans les prochains mois, sera dotée d'une enveloppe de "200 à 400 millions euros dans les cinq à sept ans", a précisé le ministre.

Une initiative qui s'inscrit dans le droit-fil du colbertisme, que le ministre ne de cesse de revendiquer pour défendre la cause de l'interventionnisme de l'État dans la sphère économique, et qu'il a pris soin d'annoncer sur un site de Saint-Gobain, société fondée il y a pratiquement 350 ans par Jean-Baptiste Colbert. "Nous souhaitons assurer à notre pays un approvisionnement en matières premières qui assure son indépendance, la maîtrise de ses prix et des quantités, ainsi que sa souveraineté", a expliqué Arnaud Montebourg.

Une priorité : l'exploration publique minière

Le BRGM et l'APE seront coactionnaires de cette société qui se consacrera essentiellement à l'exploration publique minière, ont indiqué à l'AFP des sources au ministère du Redressement productif. L'exploitation minière, qui demande des investissements beaucoup plus considérables, se fera via des "prises de participation dans des sociétés" actives dans ce secteur, ont ajouté les sources du ministère.

La CMF aura pour mission de faire de la prospection dans les sous-sols français, y compris les territoires d'outre-mer. "Notre première décision concernera d'ailleurs la Guyane. Je m'y rendrai dans les mois qui viennent pour discuter avec les élus (...) de l'exploitation de l'or", a indiqué Arnaud Montebourg. Sa création intervient d'ailleurs en plein projet de refonte du code minier, ensemble de textes régissant notamment l'attribution des permis de recherche et d'exploitation des gisements, une réforme portée par Arnaud Montebourg, qui doit également contribuer à relancer les activités minières en France.

Mais la nouvelle société pourrait également apporter sa contribution à la "diplomatie économique" prônée par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Selon Arnaud Montebourg, son collègue du Quai d'Orsay lui aurait fait part de l'intérêt de pays africains pour une collaboration avec une société minière française. "Il nous semble normal que les gouvernements qui sont souvent exclus de l'exploitation des mines dans leur propres territoires puissent être associés à une compagnie minière française", a expliqué Arnaud Montebourg. "Il faut nous mettre d'accord avec ces gouvernements sur la répartition des revenus et que nous associons d'autres opérateurs, peut-être miniers ou peut-être pas", a-t-il ajouté.

Avec AFP