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Les petits cœurs de Brazzaville

Pour la première fois dans l’histoire du Congo, une dizaine d’enfants ont été opérés à cœur ouvert à Brazzaville. Une équipe médicale française s’est rendue sur place, à l’initiative de l’association la Chaîne de l’Espoir. Nos reporters ont assisté à ces opérations de la dernière chance.

Ils étaient sept. Sept enfants sélectionnés par les médecins de la Chaîne de L'Espoir. Le diagnostic était clair et sans appel : s'ils n'étaient pas opérés très vite, ils risquaient de mourir. Selon les médecins, certains de ces enfants avaient "une bombe dans le thorax". Une opération à cœur ouvert était leur dernière chance de survie.

J'ai assisté à toutes ces interventions. Pendant plusieurs mois, une équipe de la Chaîne de l'Espoir de Toulouse a préparé cette mission. Une tonne de matériel a été envoyé à Brazzaville. Quinze personnes se sont déplacées : deux chirurgiens, un cardiologue, un pompiste, deux réanimateurs, six infirmières et plusieurs anesthésistes.

Pour la première fois, des enfants congolais allaient être opérés sur place. Auparavant, ils étaient accueillis par des familles françaises pour être soignés dans différents hôpitaux de l'Hexagone. On peut imaginer le déracinement et le traumatisme.

Le premier sur la table d'opération en ce mois de novembre s'appelle Prince Béni. Il a cinq ans, un sourire d'ange et une incroyable répartie. Il adore le foot, mais pour les médecins, son petit cœur risque d'exploser en cas d'effort.

C'est le docteur Daniel Roux qui commence à opérer en ce lundi matin. Tout est prêt, ou presque. Daniel Roux est un vieux routier : des milliers de cœurs ouverts à son actif. Mais il le dit lui-même : "C'est vrai, je n'ai jamais eu d'accident, mais tout peut arriver à chaque instant. Nous les chirurgiens, nous ne sommes pas des surhommes !"

Pendant les quatre heures de l'opération, le cœur s'arrête pendant une heure : la circulation du sang est déviée vers une machine. À la fin, le sang est réinjecté et le cœur se remet à battre normalement : j'avoue avoir été très ému à ce moment précis.

La deuxième à subir cette intervention s’appelle Mayala. Elle a dix ans et ne pèse que quinze kilos. Son cœur fonctionne mal. Il l'empêche de s'alimenter et donc de grandir. La petite fille doit être opérée le plus vite possible. L'intervention dure six heures. Une intervention plus délicate que celle de Prince Béni. Il faut repérer et colmater la fuite au niveau des ventricules de l'organe.

La petite Mayala a bien supporté cette lourde opération. Et deux jours après, le petit Prince se réveille aussi. Il commence à manger et plaisante avec les infirmières congolaises et françaises.

Dans cette partie de l'Afrique, aucune opération à cœur ouvert n'avait jamais été faite jusqu'ici. Le Professeur Deloche, le président fondateur de la Chaîne de L'Espoir, envisage déjà d'autre missions au Congo, un pays où les malformations cardiaques sont devenues, au même titre que le sida et le paludisme, un véritable fléau.