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Dans un nouveau serment professionnel obligatoire aux Pays-Bas, l’intégralité des employés du secteur bancaire doivent jurer de respecter certaines règles éthiques. Et, première en Europe, ils peuvent le faire devant Dieu.

“Que Dieu me vienne en aide”. C’est un passage du nouveau serment professionnel des banquiers néerlandais qui peut étonner. Il est inscrit à l’article 3 de la profession de foi que tous les 90 000 employés du secteur bancaire des Pays-Bas doivent avoir approuvée d’ici la fin de l’année 2014.

C’est la première fois que, dans un pays européen, le monde financier jure devant Dieu faire son métier avec intégrité et dans le respect de certaines règles éthiques. Elles découlent d’un code de conduite adopté en 2010 par le monde bancaire néerlandais et prônent quelques grands principes comme “toujours agir dans l’intérêt du client”, “ne pas utiliser abusivement les informations reçues” ou encore “être conscient de son rôle dans la société”.

Ce nouveau serment est loin d’être anecdotique. “L’infraction à ces règles peut conduire à être rayé de la profession, à recevoir une amende ou une suspension”, note à FRANCE 24 un porte-parole de l’association des banques néerlandaises (NVB). Un comité indépendant - dont la composition doit encore être établie - sera chargé de surveiller le sens éthique aussi bien de l’employé derrière le comptoir d’une agence que du trader ou du PDG de la banque.

La profession cherche donc à se rapprocher du modèle de certains autres corps de métiers, comme les médecins ou les notaires, dotés de conseils de l’ordre et de chartes déontologiques. Mais pourquoi faire appel à Dieu ? “Je sais que cela peut étonner dans un pays laïc comme la France, mais ça n’a rien de surprenant aux Pays-Bas où les fonctionnaires peuvent également prêter serment devant Dieu”, souligne le porte-parole de NVB. Surtout, il rappelle que les non-croyants peuvent se passer de toute mention à connotation religieuse. À la place, ils peuvent se contenter d’un simple “je promets sur l’honneur”.

Opération de séduction

Pour l’heure, les comités exécutifs des trois principales banques du pays - Rabobank, ING et ABN Amro - ont déjà montré l’exemple. Ils ont prêté serment au cours du mois de janvier. “C’est un bon signal pour nos employés qui rappelle l’importance de ces valeurs”, a souligné à cette occasion Bert Bruggink, directeur financier de Rabobank.

Cette déclaration peut prêter à sourire venant d’un responsable d’un établisssement financier condamné en octobre 2013 à une amende de plus de 700 millions d’euros pour son implication dans le scandale du Libor (manipulation du cours de certains taux d’intérêt). Mais pour la NVB, la mauvaise presse dont jouit le secteur rend ce serment d’autant plus important. “C’est une manière de tenter de convaincre le public que les banques sont vraiment sérieuses dans leur volonté d’adopter ces principes professionnels”, affirme le porte-parole de cette association.

Et aux Pays-Bas, il y a urgence. La confiance des Néerlandais dans les banques a chuté de 90% avant 2008 à 34% l’an passé, d’après une étude publiée début février par le cabinet de relations publiques Edelman et citée par la chaîne américaine Bloomberg. Seulement 13% de la population trouve que les banques du pays font du bon travail. Un chiffre sensiblement inférieur à la moyenne mondial qui s’établit à 33%, d’après les résultats d’Edelman. Dans ces conditions, toute aide peut être la bienvenue pour les banquiers néerlandais… même celle de Dieu.