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Les Suisses doivent se prononcer pour ou contre "l'immigration de masse"

Les citoyens suisses sont appelés aux urnes, dimanche, pour décider ou non de limiter l'immigration dans leur pays, notamment pour les ressortissants européens, ce qui pourrait aboutir à de fortes tensions avec l’UE.

La Suisse se dirige-t-elle vers un clash avec Bruxelles ? Les citoyens suisses doivent se prononcer, dimanche 9 février, sur un référendum intitulé "contre l'immigration de masse". Si le “oui” l’emporte, les relations entre la Suisse et l’Union européenne (UE) pourrait bien se dégrader subitement. Certains emploient même le terme de “chaos”, à l’instar de Pascal Sciarini, professeur genevois de sciences politiques. À en croire les derniers sondages, le scrutin s’annonce très serré, les partisans du “oui” ayant récemment gagné du terrain.

On vote aujourd'hui en Suisse. Résultats en direct sur RTS la 1ère et @RTSUnDeux dès 12h30 et si vous êtes au ski, suivez ce fil :-) #CHvote

— RTSinfolive (@RTSinfolive) 9 Février 2014

Cerné de toutes parts par des États membres fondateurs de l’UE, ce petit pays de huit millions d’habitants est lié à Bruxelles par des accords bilatéraux âprement négociés. Depuis, la Suisse a accepté d'ouvrir son marché du travail aux 500 millions d'actifs européens. Au moment de l'entrée en vigueur de la libre circulation, qui s'est faite progressivement depuis 2002, les autorités avaient indiqué qu'il n'y aurait que 8 000 arrivants par an maximum.

Les chiffres réels sont en fait 10 fois supérieurs : la Suisse, avec son insolente bonne santé économique, qui tranche avec la crise dans la zone euro, accueille bon an mal an 80 000 nouveaux arrivants sur son marché du travail.

Une situation qui a provoqué la colère du parti UDC (droite populiste), le parti le plus important du Parlement suisse. Ce sont eux qui sont à l’origine du référendum qui, en vertu du système politique suisse basé sur la démocratie directe, peut être organisé si ses partisans parviennent à réunir le nombre de signatures nécessaires pour une telle consultation.

Tous les accords bilatéraux suspendus en cas de “oui”

Si le "oui" l'emporte, la Suisse rétablira des quotas et contingents pour les immigrés, selon ses besoins. Un système déjà en vigueur avant les accords bilatéraux avec l'UE et qui représente beaucoup de tracasseries administratives, dénoncées par les employeurs. Le gouvernement suisse, la plupart des partis politiques, ainsi que le patronat se sont prononcés de manière catégorique pour le "non" à ce référendum. Selon eux, freiner ou donner un coup d'arrêt à cette immigration signifierait la fin de la prospérité suisse.

Bruxelles a d'ores et déjà indiqué que si la Suisse mettait fin à l'accord de libre circulation, tous les autres accords liant Berne à l'UE seraient dénoncés ipso facto.

Les partisans du "oui", avec l'UDC en tête, répliquent en disant qu'il s'agit d'une question de souveraineté nationale, et que le pays ne doit pas se plier au diktat européen. En outre, ce parti estime que l'immigration massive est la cause de nombreux maux dont souffre la Suisse, comme des transports en commun surchargés, une pénurie de logements, et des paysages défigurés par le bétonnage du secteur de la construction...

L'immigration est devenue au fil des ans un sujet de crispation en Suisse. Pour répondre aux protestations d'une partie de la population à ce sujet, le gouvernement a adopté dernièrement des mesures destinées à rendre l'accès aux prestations sociales plus difficiles pour les nouveaux arrivants européens.

#CHvote La Suisse vote demain sur l'initiative xénophobe de l'UDC ! Aux urnes ! pic.twitter.com/zRKnXQ8LVx

— Martin Grandjean (@GrandjeanMartin) 8 Février 2014

La population suisse compte 23,5 % d’étrangers

Avant les accords de libre circulation avec l'UE, il y avait environ 20 % d'étrangers en Suisse. En 2013,  ils représentaient 23,5 % (1,88 million de personnes) de la population hélvète.

Actuellement, 1,25 million de ressortissants européens vivent en Suisse : les Italiens (291 000) et les Allemands (284 200) sont les plus nombreux, suivis par les Portugais (237 000) et les Français (104 000).

À ces étrangers, il faut en plus ajouter, selon l'UDC, les frontaliers qui représentent, dans la région autour du lac Léman, quelque 113 000 personnes, plus 60 000 dans le Tessin et autant dans la région de Bâle. Les sondages montrent que plus de 70 % des votants du Tessin diront "oui" à ce référendum.

L'IVG, l'autre sujet en jeux du référendum

À noter que parallèlement, les Suisses sont également invités à se prononcer sur l’avortement, à l’heure où plusieurs pays européens, comme l’Espagne, laissent craindre un retour en arrière sur ce sujet. Ils doivent répondre "oui" ou "non" à cette phrase : “financer l'avortement est une affaire privée - Alléger l’assurance-maladie en radiant les coûts de l’interruption de grossesse de l’assurance de base.” Les dernières estimations donnent le "non" en tête.

Les premiers résultats nationaux sont attendus vers 13 heures (GMT+1).

#CHvote ne pas oublier d aller voter ce week end, chaque voix compte! Et vous, c est fait? #PBD @PBDSuisse pic.twitter.com/IoJV1Igyx2

— Bellani Sandra (@Mobella7) 8 Février 2014


Avec AFP