Depuis son arrivée à la tête du Front national en 2011, Marine Le Pen multiplie les efforts à destination du monde rural, où son parti progresse. Pour comprendre les raisons de cette montée, nous sommes rendus dans l’est de la France, dans la Meuse, un département rural où le parti frontiste a fait l’un de ses trois meilleurs scores à la présidentielle de 2012.
Il n’a pas été difficile de trouver des électeurs du Front national (FN). Nous l’avons constaté à de nombreuses reprises : la parole s’est libérée. L’électeur n’a plus honte de dire qu'il vote FN. C’est l’une des conséquences de la "dédiabolisation" du parti, le cheval de bataille de la présidente Marine Le Pen.
Dans ce processus de "dédiabolisation", le FN répète qu’il n’est pas un parti raciste. Toujours est-il que la préférence nationale demeure la clef de voûte de l’adhésion. Nous l’avons, là aussi, constaté de nombreuses fois : le rejet de l’immigration continue de motiver le vote des électeurs ruraux, y compris dans des endroits où il n’y a pas d’étrangers.
Pour l’électeur du parti frontiste, la présence d'immigrés est synonyme d’insécurité. Insécurité physique, mais aussi économique. Un sentiment d'autant plus prégnant dans un département comme la Meuse, où le bassin d’emploi est sinistré : les immigrés sont perçus comme une menace pour le marché du travail.
De plus, les habitants des zones rurales se sentent oubliés des pouvoirs publics. Ils assistent impuissants à la fermeture des services publics, des petits commerces, des écoles. Une impression d’abandon qui les pousse également vers le FN.