Dans le cadre de l'enquête sur le financement de la campagne d'Edouard Balladur en 1995, les juges ont refusé d'entendre eux-mêmes le témoignage de Nicolas Sarkozy, préconisant qu'il le soit par la Cour de Justice de la République (CJR).
Les juges chargés du volet financier de l'affaire Karachi ont pris, jeudi 7 février, deux ordonnances. Dans cette enquête sur un éventuel financement illégal de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, les juges Renaud van Ruymbeke et Roger Le Loire se dessaisissent au profit de la Cour de Justice de la République (CJR), seule compétente pour enquêter et juger les délits ou crimes commis par des membres de gouvernement dans l'exercice de leurs fonctions.
Les deux magistrats ont ainsi demandé la saisine de la CJR pour enquêter sur l'ex-Premier ministre Edouard Balladur et son ministre de la Défense François Léotard, a annoncé, vendredi 7 février, à l'AFP Me Olivier Morice, un des avocats de la partie civile. Dans l'une des deux ordonnances, ils refusent d'entendre eux-mêmes Nicolas Sarkozy. Une demande qu'avait déjà formulée Me Morice.
Le parquet de Paris doit désormais décider de transmettre, via le parquet général, le dossier au procureur général près la Cour de cassation, Jean-Claude Marin. Ce sera à lui de décider s'il faut transmettre la saisine à la commission des requêtes de la CJR, qui décidera d'une éventuelle enquête.
"Une grande satisfaction"
Selon Me Olivier Morice, cette décision montre que les juges ont estimé que les éléments recueillis par l'enquête rendaient nécessaire une audition comme témoin assisté par la CJR de Nicolas Sarkozy, ministre du Budget dans le gouvernement Balladur (1993-95).
"C'est une grande satisfaction car nous sommes à l'origine de cette plainte, qui, pour les juges, nécessite la saisine de la CJR en ce qui concerne l'ancien Premier ministre et l'ancien ministre de la Défense, dans une ordonnance qui est accablante à leur égard", a déclaré l'avocat.
"En refusant notre demande d'audition de Nicolas Sarkozy, les juges soulignent que des témoignages et des éléments recueillis dans l'information judiciaire nécessitent que la CJR puisse l'entendre comme témoin assisté", a-t-il ajouté.
"Cela démontre à l'évidence que Nicolas Sarkozy n'est nullement mis hors de cause dans le volet financier de l'attentat de Karachi", selon Me Morice.
Avec AFP