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Le puissant général Mediène, à la tête du renseignement algérien depuis 25 ans, pourrait être prochainement mis à la retraite par le président Bouteflika. En cause : l'opposition du militaire à la possible candidature de l’actuel chef de l’État.

Qui veut la peau de "Toufik" ? L’homme le plus craint d’Algérie, l’inamovible général Mediène, dit "Toufik", engagé dans une guerre jusqu’à présent larvée avec le clan présidentiel, pourrait être mis à la retraite, affirme, jeudi 6 février, le journal "El Khabar".

Le quotidien arabophone, d’ordinaire bien informé, affirme dans ses colonnes que le président Abdelaziz Bouteflika a choisi de résoudre le conflit l’opposant au puissant patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) en utilisant une ordonnance de 2006. Cette dernière permet de mettre immédiatement à la retraite les officiers supérieurs de grade de général du corps d’armée à 64 ans et ceux ayant effectué 42 ans de service. Une mesure dont "Toufik", 74 ans et quelque 49 ans de service dont 25 ans passés à la tête de la puissante sécurité militaire, ferait particulièrement les frais.
Car à l’approche de l’élection présidentielle du 17 avril,  les tensions se cristallisent sur la possible candidature de l’actuel chef de l’État, à laquelle le général Mediène s’opposerait. Depuis l'AVC de Bouteflika en avril 2013 et son hospitalisation de 80 jours en France, les rumeurs sur l’état de santé du président sortant vont bon train. Ce dernier ne serait plus en mesure de se tenir debout ou de marcher. Il n’est plus apparu en public depuis un déplacement à Sétif en mai 2012.
Un climat de suspicion qui enfle, malgré l'apparition du chef de l'État à trois reprises sur les écrans de télévision aux côtés du Premier ministre français Jean-Marc Ayrault et du président malien, Ibrahim Boubacar Keïta. D’aucuns ont noté son air hagard, immobile, son regard vide. La perspective d’un quatrième mandat apparaît donc inimaginable pour nombre de personnalités politiques algériennes.
"Les multiples échecs" du DRS
Depuis quelques jours, la guerre est donc déclarée. La première volée de bois vert est venue de la garde rapprochée du président Bouteflika. Amar Saïdani, secrétaire général du Front de Libération nationale (FLN) s’est violemment attaqué, lundi 3 février, au général Mediène dans une interview accordée au site Internet Tout Sur l’Algérie. Pointant les insuffisances de "Toufik", le patron du parti au pouvoir affirme que le chef du renseignement aurait dû démissionner après les multiples échecs de la mission de sécurité intérieure.
Et Amar Saïdani de citer des affaires comme l’assassinat des moines de Tibehirine, enlevés et retrouvés morts en 1996 ou encore l’attaque du site gazier d’In Amenas, dans le sud algérien en janvier 2013. "Si un mal m’arrive, ce sera l’œuvre de Toufik", a-t-il prévenu en guise de conclusion à son entretien. Un acharnement jamais vu.
Selon les quotidiens "Le Soir d’Algérie" et "Liberté", le DRS a porté plainte contre Amar Saïdani, qui a également été désavoué par son propre clan. Des membres du FLN ont en effet dénoncé, mercredi 5 février, les "déclarations dangereuses" du chef du parti présidentiel contre le patron du renseignement. 
Pour Abderhamane Belayat, chef de file d'une aile du parti en rupture de ban avec la direction du FLN, "les accusations de Saïdani ont visé l'armée, la présidence, la Justice et même le gouvernement, alors que nous sommes le parti de la majorité, qui a octroyé la légitimité à toutes ces institutions. Comment les accuser alors d'échec ?". Jusqu’où ira cette partie d’échecs ? Le suspense devrait durer jusqu’au 4 mars, date butoir à laquelle Abdelaziz Bouteflika devra avoir signé sa déclaration de candidature.