Le Parlement turc a adopté mercredi une série d'amendements controversés à une loi qui renforce le contrôle de l'État sur Internet. Ces textes permettent notamment aux autorités de scruter l’activité de chaque internaute dans le pays.
Mercredi soir, le Parlement turc s’est prononcé en faveur d’une série d’amendements permettant à l’État de renforcer son contrôle sur Internet. Ces nouvelles dispositions ont été violemment critiquées par l’opposition, qui a dénoncé un texte "liberticide", alors que le gouvernement est englué dans un scandale de corruption sans précédent.
Après un débat de plusieurs heures particulièrement animé, les amendements proposés en séance ont été votés par les députés du Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir, et qui dispose de la majorité absolue à la chambre.
Ces textes étaient présentés dans le cadre d’un projet de loi fourre-tout visant à "protéger la famille, les enfants et la jeunesse".
"À votre arrivée au pouvoir, vous parliez de renforcer la démocratie en Turquie, aujourd'hui vous tentez d'imposer le fascisme", s’est exclamé Hasan Ören, un élu du Parti républicain du peuple (CHP). "Souvenez-vous qu'Adolf Hitler a employé les mêmes méthodes lorsqu'il a pris le pouvoir en Allemagne", a-t-il poursuivi.
"Chaque jour notre démocratie régresse, ces mesures sont purement liberticides", a renchéri un membre de l’opposition du Parti pour la paix et la démocratie (BDP, prokurde), Altan Tan.
De nombreuses mesures instaurées provoquent un large débat dans le pays, à l’image de celles qui autorisent l'autorité gouvernementale des télécommunications (TIB) à bloquer, sans décision de justice, un site internet s’il est prouvé qu’il révèle des informations portant "atteinte à la vie privée" ou des contenus jugés "discriminatoires ou insultants".
La TIB pourra même solliciter les fournisseurs d'accès pour obtenir des informations sur les sites visités par chaque internaute, et sera libre de conserver ces données sur une péroide de deux ans.
Cette nouvelle loi vient amender celle qui avait été mise en place en 2007 par le Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan.
Avec AFP