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Pourquoi l'armée syrienne résiste-t-elle ?

La Syrie possède une vraie armée, structurée, conçue comme une force défensive destinée à protéger ses propres frontières. Armelle Charrier explique pourquoi, après trois ans de guerre, les forces fidèles à Bachar al-Assad ne fléchissent pas.

Une armée sructurée dotée d’un armement russe

Ce sont les Russes qui l’ont mise en place aussi bien dans sa structure que dans son armement pendant la Guerre Froide car la Syrie avait rejoint le bloc communiste.
Elle est donc dotée d’une armée de terre classique avec une infanterie importante très caractéristique de la conception russe, de l’artillerie, des chars, des véhicules blindés. Elle possède une vraie défense anti-aérienne et une maîtrise du ciel avec une aviation complète, d’escadrons de MIG ou de flottes d’hélicoptères.

Bien sûr, on aura pu noter qu’au début du conflit certains types d’armement étaient vieillissants. Mais les Russes, qui ont toujours vendu leurs armes à la Syrie, n’ont aucun mal à les ré-armer. Ce sont leurs munitions, leurs missiles qui s’adaptent sans problème à leurs chars ou à leurs lanceurs de missiles sol-air par exemple. Le port de Tartous se prête à la livraison de ses armements qui peuvent partir de Russie par la mer.

Des alliances anciennes

Du côté des alliances, le Hezbollah et les Iraniens épaulent les militaires du régime. Ces alliances sont anciennes donc humainement elles fonctionnent bien. Les officiers gradés se connaissent, ils ont appris dans les mêmes écoles militaires, ils ont fait des manœuvres sur le terrain pour rôder des réactions communes. Pendant les années de guerre civile libanaise, l’armée syrienne et le Hezbollah ont œuvré ensemble.

L’aguerrissement des soldats depuis 2011

Cette armée s’est aguerrie depuis le tout début du conflit en 2011 car les soldats ne doutent plus. "Avant son premier combat", explique un haut gradé français, "nul ne sait ce qu’il vaut au feu. Une fois ce premier temps rencontré, une fois les premiers morts vus autour de lui, le combattant sait comment il réagit. Il ne se concentre plus sur sa peur, mais sur son combat". Or, pour ces soldats du régime syrien, cela fait 3 ans qu’ils se battent, ils ont donc acquis de l’expérience.

Un choix tactique cohérent

Côté tactique, l’armée du régime fait plusieurs choix. D’abord, elle n’a pas de réelle armée en face d’elle, il n’y a que des groupes armés, ce que l’on nomme une guerre asymétrique.

Ensuite elle a montré qu’elle savait jouer des dissensions : elle sait amener les groupes armés à se battre les uns contre les autres et ainsi ne pas avoir à livrer toutes les batailles.

Les batailles menées sont militairement cohérentes : une reconquête classique d’un territoire qui se tient, sans s’éparpiller. La région de Damas, la zone de Qousseir-Homs , la montée vers Alep, la zone de Lattaquié et le port de Tartous, le cœur du régime alaouite. La vallée de l’Euphrate, par exemple, n’est pas, à ce jour, une priorité.

Aucune offensive occidentale directe

Dernier point, mais non des moindres, cette armée n’a pas été militairement mise en danger par une offensive d’envergure similaire à sa force depuis le début du conflit. Ni les Français, ni les Américains, ni toute autre alliance occidentale ne sont intervenus en lançant un tapis de bombes qui aurait pu détruire des pans de cette structure et déstabiliser l’état-major syrien.