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Après avoir temporairement lâché les rênes de l'Ukraine pour raisons de santé, Viktor Ianoukovitch retrouve la présidence, sans qu’une issue à la crise ne semble se profiler. Durant son absence, l’opposition s’est assurée le soutien des Occidentaux.

Le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, doit reprendre le travail lundi 3 février après un court congé maladie. Il retrouvera son bureau, alors qu'aucune issue à la crise que traverse l'Ukraine ne semble se profiler et que l’opposition, soutenue par l'Occident, s’est quelque peu revigorée.

Au moins pourra-t-il se réjouir du départ pour l'étranger, très médiatisé, de l'opposant Dmytro Boulatov, enlevé et torturé, selon lui, par des inconnus. Il était le co-leader d’Automaïdan, mouvement de manifestants en voiture, qui avait organisé plusieurs actions spectaculaires devant la résidence du chef de l'État près de Kiev. Dmytro Boulatov a raconté, vendredi, avoir été enlevé le 22 janvier et torturé par des inconnus pendant une semaine, avant d'être abandonné dans une forêt.

Quand il a retrouvé la liberté, la police a annoncé son intention de l'assigner à résidence comme "suspect de l'organisation de troubles massifs". Et, alors que son visage ensanglanté apparaissait sur les écrans de télévision dans le monde entier, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Léonid Kojara, a mis en doute la gravité de ses blessures.

"Répression cachée"

Entre-temps son cas est devenu emblématique de la "répression cachée" touchant des dizaines de militants de l'opposition. Ils soupçonnent le pouvoir d'avoir recruté en secret des gros bras, sans pouvoir avancer de preuves.

Interpellé sur le cas Boulatov par ses homologues occidentaux en marge de la conférence sur la sécurité de Munich, Léonid Kojara a d'abord voulu le minimiser. Mais devant une vague d'indignation dans les médias sociaux et à l'étranger, il a changé de ton et assuré qu'il pourrait aller se faire soigner à l'étranger.

C'est chose faite depuis dimanche soir, Boulatov ayant pris l'avion pour Riga, en Lettonie, alors que l'Allemagne et la Lituanie l'ont invité à se faire soigner dans leurs hôpitaux.

Le cas Boulatov réglé, Viktor Ianoukovitch, confronté depuis plus de deux mois à la plus grave crise qu'ait connue l'Ukraine depuis son indépendance, reprend donc les commandes, face à une opposition toujours aussi mobilisée.

Les chefs de l'opposition ont d'ailleurs obtenu un ferme soutien - pour le moment verbal - de la part des hauts responsables américain, allemand et français, en marge de la conférence sur la sécurité à Munich.

Médiation internationale

S'adressant à plus de 60 000 partisans de l'opposition rassemblés dimanche dans le centre de Kiev, Vitali Klitschko et Arseni Iatseniouk ont indiqué avoir saisi l'occasion pour demander à leurs interlocuteurs occidentaux une aide concrète, et notamment une médiation internationale.

Il s'agit, ont-ils expliqué, "d'éviter des divergences d'interprétation" dans leurs pourparlers avec le chef de l’État. Ils ont affirmé également avoir obtenu l'assurance qu'une aide financière serait, le cas échéant, accordée au pays, qui est au bord de la cessation de paiement. "Ils sont prêts à le faire", a déclaré Arseni Iatseniouk.

L'Ukraine s'était privée de l'aide européenne en renonçant soudainement fin novembre à un accord d'association avec l'Union européenne (UE). En échange, le président Ianoukovitch recevait de Moscou 15 milliards de dollars de crédits assortis d'une baisse conséquente du prix du gaz russe. Mais le président russe, Vladimir Poutine, a fait planer un doute la semaine dernière sur le maintien de ces accords si l'opposition venait au pouvoir.

C'est la volte-face du pouvoir au profit de la Russie qui avait déclenché la crise, mais celle-ci a depuis évolué vers une contestation générale du système présidentiel mis en place par Viktor Ianoukovitch. Les opposants vivant dans le village de tentes installées place de l'Indépendance à Kiev exigent maintenant son départ et le retour à l'ancienne Constitution de 2004, autrement dit à un système donnant moins de pouvoirs au chef de l'État.

Avec AFP