Dmytro Boulatov, un opposant ukrainien enlevé le 22 janvier et relâché jeudi soir, va être assigné à résidence pour organisation présumée de troubles massifs. Selon une ONG, 33 autres manifestants sont portés disparus.
Le cauchemar de Dmytro Boulatov se poursuit. Cet opposant au président ukrainien Viktor Ianoukovitch qui affirme avoir été enlevé, battu et torturé pendant une semaine va être assigné à résidence pour organisation présumée de troubles massifs.
Une accusation qui aurait dû conduire ce père de trois enfants âgé de 35 ans directement en détention provisoire, mais compte tenu de son état de santé, le juge d'instruction a demandé au tribunal de l'assigner à résidence.
"Crucifié et visage tailladé"
Les autorités ont lancé leur avis de recherche le 24 janvier, mais Dmytro Boulatov avait déjà disparu depuis 48 heures. Il a finalement été retrouvé, dans la soirée du 30 janvier, après avoir été abandonné dans une forêt de la banlieue de Kiev par ses ravisseurs inconnus. Le ministère de l'Intérieur, qui a ouvert une enquête contre X pour enlèvement, a affirmé, vendredi, ne pas exclure "la mise en scène de l'enlèvement [...] afin de provoquer une réaction négative dans la société".
"Ils m'ont crucifié, m'ont coupé une oreille et tailladé le visage, ils m'ont roué de coups sur tout le corps. Mais, Dieu merci, je suis vivant", a déclaré, au lendemain de sa libération, Dmytro Boulatov, ayant du sang coagulé sur son visage, des blessures sur ses mains et des vêtements imprégnés de sang.
Cette nouvelle affaire de passage à tabac relance les inquiétudes sur le sort des opposants disparus. À ce jour, 33 personnes ayant pris part aux manifestations contre le pouvoir manquent à l’appel, selon l'ONG SOS Euromaïdan qui répertorie ces cas, sans qu'il soit possible de vérifier ce chiffre.
John Kerry rencontre l'opposition
itSur le front diplomatique, le secrétaire d'État américain, John Kerry, doit rencontrer, dans la journée, les principaux leaders de l'opposition, dont l'ex-champion de boxe Vitali Klitschko. Une manifestation de soutien sans précédent de la part de Washington. La rencontre aura lieu à Munich, en Allemagne.
À Kiev, pouvoir et opposition restent engagés dans un bras de fer à l'issue des plus incertaines, l'armée demandant désormais des "mesures d'urgence" au président Viktor Ianoukovitch pour ramener l'ordre.
Avec AFP