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La Tunisie post-Ben Ali adopte sa nouvelle Constitution

Trois ans après le soulèvement qui a abouti à la chute du régime de Ben Ali, l'Assemblée nationale tunisienne a adopté définitivement dimanche la nouvelle Constitution. Le Premier ministre a par ailleurs formé un gouvernement d'indépendants.

Trois ans après le soulèvement contre le régime de Ben Ali, détonateur du Printemps arabe, la Tunisie s’est dotée d’une nouvelle Constitution, tard dimanche 26 janvier. Des compromis assez larges ayant été négociés pour permettre sa validation, la Loi fondamentale a été adoptée à une majorité écrasante de 200 voix pour, 12 contre et 4 abstentions, dépassant largement la majorité requise de 145 votes.

L'adoption du texte est intervenue quelques heures après l'annonce de la composition d'un gouvernement d'indépendants, devant conduire le pays vers des élections législatives et présidentielle en 2014, après six mois de crise politique.
Les élus de l'Assemblée nationale constituante (ANC) ont célébré cet évènement historique en chantant l'hymne national et en brandissant des drapeaux tunisiens. "Nous sacrifions notre âme et notre sang pour toi Tunisie", ont-ils aussi crié, les doigts en signe de victoire, dans un rare moment d'unité dans cet hémicycle qui pendant plus de deux ans a été marqué par d'interminables imbroglios et des controverses concernant notamment la place de la religion musulmane entre les islamistes d’Ennahda majoritaires et leurs opposants.
Exécutif bicéphale, parité homme-femme
"Dans cette Constitution, tous les Tunisiens et Tunisiennes se retrouvent, cette Constitution préserve nos acquis et jette les fondements d'un État démocratique", a déclaré le président de l’Assemblée Mustapha Ben Jaafar. L'Assemblée, qui a été élue en octobre 2011 et qui devait à l'origine achever la Loi fondamentale en un an, a opté pour un exécutif bicéphale et introduit un objectif de parité homme-femme dans les assemblées élues. Une première dans le monde arabe. Le premier article de la Loi fondamentale dispose que la Tunisie est "un pays libre, indépendant et souverain" ayant l'islam pour religion, l'arabe pour langue et la république pour régime.
"Je me sens pour la première fois réconciliée avec cette Assemblée", a déclaré de son côté Nadia Chaabane, député du parti Massar, opposée aux islamistes, en référence aux multiples dissensions qui ont marqué les travaux de l'ANC.
L'adoption de la Loi fondamentale a été saluée par le secrétaire-général des Nations unies Ban Ki-moon pour qui la Tunisie vient de vivre une "étape historique", offrant un "modèle pour les autres peuples aspirant à des réformes".
Lundi, deux cérémonies sont prévues, l'une le matin à l'Assemblée où la Constitution sera paraphée par les dirigeants tunisiens, et une seconde, dans l'après-midi, à la présidence.
Avec AFP et Reuters