
Huit ans après la première conférence de l'ONU sur le racisme, en Afrique du Sud, la participation annoncée du président iranien à celle de Genève, du 20 au 24 avril, fait planer la menace de nouvelles polémiques sur l'antisémitisme.
La confusion règne à la veille de la deuxième conférence des Nations unies sur le racisme et l’intolérance prévue à Genève, du 20 au 24 avril. Les États et organisations qui doivent y prendre part tardent à confirmer leur participation, à l’instar de l'Union européenne qui réserve toujours sa décision.
Quant aux ONG, ce n’est pas un mais trois contre-sommets qui leur sont proposés...
En 2001, la première conférence sur le racisme organisée dans la ville de Durban, en Afrique du Sud, s’était soldée par un demi-échec, en raison de la forte polémique sur la politique israélienne à l’égard des populations palestiniennes.
Les États-Unis et Israël avaient quitté le sommet pour protester contre les tentatives de faire inscrire le sionisme comme une forme de racisme dans sa déclaration finale.
Cette année, la présence annoncée du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, seul chef d’État attendu à Durban II, ne fait qu’attiser les craintes de ceux qui redoutent que les débats retombent dans l’ornière du Moyen-Orient.
"Le combat contre le racisme et les discriminations est trop important pour être détourné par qui que ce soit", a déclaré Juliette de Rivero, l'une des responsables de l’ONG Human Rights Watch (HRW) à Genève, dans un communiqué.
Des ONG divisées
Trois contre-sommets sont organisés en marge des débats officiels.
Un Forum de la société civile, que ses organisateurs veulent indépendant de toute tendance politique, doit se tenir à la Maison des associations de Genève. Une manifestation est également prévue, samedi après-midi, dans les rues de la ville.
Enfin, un "Sommet de Genève pour les droits humains, la tolérance et la démocratie", va se dérouler au Centre international de conférence.
Il devrait, quant à lui, aborder la question de la violation des droits de l’homme dans un sens très large (génocide, etc.). Des associations israéliennes sont inscrites au nombre de ses participants.
Les sympathisants de la cause palestinienne se retrouveront, eux, au sein d'une "Conférence d’examen d’Israël", à l’hôtel Le Grenil.
L’association HRW ne participera à aucun de ces trois événements. Elle sera uniquement présente en marge du cadre officiel de la conférence.
Intégrer la question du racisme à celle des droits sociaux et culturels
Une version amendée de la déclaration finale du sommet de Genève devrait être disponible avant l’ouverture de sa session officielle, lundi. Les États-Unis, comme un certain nombre de pays européens, attendent en effet de pouvoir en relire la version finale pour confirmer leur participation.
La déclaration devrait, notamment, être débarrassée de toute référence à une situation politique particulière - comme le conflit israélo-palestinien - et de toute allusion au concept de diffamation religieuse, cher aux pays arabes.
Toutefois, certaines associations humanitaires déplorent déjà le sacrifice des grandes ambitions internationales en matière de lutte contre le racisme sur l’autel du consensus.
Comme le confiait Éric Sottas, secrétaire général de l’Organisation mondiale contre la torture, à Genève, vendredi : "Nous regrettons le manque d’avancées sur la question des migrations socio-économiques dont sont victimes les groupes ethniques de différents pays. Il faut absolument intégrer la question du racisme à la question des droits sociaux et culturels."