L'autopsie pratiquée sur Florent Lemaçon, tué lors de l'opération de libération du "Tanit" menée par l'armée française, n'a pas permis de déterminer l'origine du tir. Aucun projectile n'a été retrouvé dans le corps de la victime.
AFP - L'autopsie du skipper du Tanit, Florent Lemaçon, n'a pas permis de révéler l'origine de la balle qui l'a tué lors d'un échange de tirs entre les pirates et le commando français venu libérer le voilier et ses cinq occupants il y a une semaine au large de la Somalie.
"Aucun projectile ou fragment métallique n'a été retrouvé dans le corps de la victime" à l'issue de l'autopsie réalisée jeudi, a indiqué vendredi le procureur de la République de Rennes Hervé Pavy. "Il est impossible de savoir d'où vient cette balle" qui a atteint M. Lemaçon à la tête, a-t-il résumé.
Les trois pirates somaliens capturés - deux sont morts au cours de l'opération - devaient être mis en examen vendredi pour "détournement de navire" suivi d'un décès et "séquestration et détention arbitraire commises en bande organisée sur plusieurs personnes dont un mineur" à l'issue de leur garde à vue à Rennes, selon M. Pavy.
Selon les premières indications données dimanche par le ministère de la Défense, Florent Lemaçon a été tué au cours d'un échange de tirs, dans le carré du voilier alors qu'il protégeait sa femme et son fils avec un matelas.
Les quatre autres passagers du Tanit - sa femme Chloé Lemaçon, son fils de trois ans Colin, et un couple d'amis - ont été libérés sains et saufs. Tous sont originaires du Morbihan, d'où était parti le voilier en 2008 pour un voyage qui devait les mener à Zanzibar.
Le ministre de la Défense Hervé Morin n'a pas exclu que le skipper du Tanit ait pu être victime d'un "tir français" et il s'est engagé à "dire la vérité" une fois connus les résultats de l'enquête.
Vendredi, le ministère de la Défense a indiqué dans un communiqué que l'armée apporterait "tous les éléments" pour permettre de "déterminer les circonstances" de la mort du skipper.
Pour répondre à cette question, les investigations dirigées par un "collège de juges d'instruction" de la juridiction interrégionale spécialisée (JRIS) de Rennes, vont désormais se tourner vers le voilier de 12,5 mètres.
"Le bateau se trouve à Djibouti et les constatations seront à faire par les juges dans les meilleurs délais", a expliqué M. Pavy. "Il y a peut-être des impacts, de l'ADN, des fragments métalliques...", a-t-il ajouté.
"Les armes des pirates ont été récupérées par la Marine nationale et doivent nous être adressées au cours de ce week-end" pour être examinées, a-t-il encore précisé.
Le parquet a requis un mandat de dépôt à l'encontre des trois pirates ramenés en France mardi et entendus depuis par la section de recherche de la gendarmerie de Rennes. Les trois Somaliens, âgés de 23 à 27 ans, risquent la réclusion criminelle à perpétuité.
Douze autres pirates sont actuellement détenus dans des prisons françaises après les prises d'otages de deux autres voiliers, le Ponant et le Carré d'As, en 2008 au large de la Somalie.
Interrogé sur la façon dont les auditions des pirates se passaient, M. Pavy a souligné qu'elles montraient "l'état de pauvreté dans lequel ils se trouvent". "Nous allons travailler à rechercher les véritables responsables de cette bande organisée", a-t-il ajouté, évoquant une enquête "longue".
Lors du retour des quatre rescapés du Tanit en France, le père de Florent Lemaçon a transmis un message rendant hommage aux militaires qui ont "risqué leur vie" dans cette opération, et remerciant "l'amiral Marin Gillier (le patron des commandos-marine) pour son sens profondément humain".