Au lendemain d'une manifestation de plusieurs milliers d'opposants à l'IVG, l'Assemblée entame lundi l'examen du texte sur l'égalité femmes-hommes. Deux amendements visant à conforter le droit à l'avortement sont critiqués par l'opposition.
En Espagne, le droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) a été restreint en décembre dernier par le gouvernement. A contrario, en France, l'Assemblée nationale s'apprête à examiner, à partir de lundi 20 janvier, deux dispositions du projet de loi pour l'égalité femmes-hommes qui confortent le droit et l'accès à l'IVG.
Le premier de ces amendements, déjà voté décembre en commission par les députés, prévoit qu'une femme puisse demander un avortement si elle "ne veut pas poursuivre une grossesse" et non plus parce que son "état (la) place dans une situation de détresse", comme écrit dans la loi Veil de 1975. Le second, adopté par les sénateurs en septembre, permettra de sanctionner ceux voulant empêcher les femmes de s'informer sur l'IVG.
Ces dispositions ont suscité la colère des opposants à l'avortement, qui ont manifesté dimanche à Paris dans le cadre d'un défilé annuel autour de la date anniversaire de la loi Veil, adoptée le 17 janvier 1975. L'opposition a également émis de vives critiques, considérant que ce projet de loi fait de l'IVG un droit comme un autre.
"Une faute morale et politique"
L'ancien Premier ministre François Fillon, a ainsi estimé lundi dans un texte publié sur son blog, que le gouvernement commettait "une faute morale et politique". "En choisissant de réécrire la loi de 1975 sur l'IVG, le gouvernement fait une faute morale et politique. Faute morale car il risque de banaliser l'avortement qui, selon les termes de Simone Veil, devait rester l'exception. Faute politique, car il prend le risque de diviser, une fois encore, les Français", explique le député UMP.
Afin de supprimer ces articles litigieux, des députés UMP ont déposé un amendement visant à dérembourser l'IVG, estimant que si la notion de détresse est supprimée, "les conditions de remboursement de l'acte par la sécurité sociale ne sont plus remplies".
De son côté, la présidente du Front National Marine Le Pen a assuré sur France Info que son parti "ne voulait pas modifier la capacité d'accès à l'IVG", mais lutter contre "sa banalisation totale" prônée, selon elle, par les socialistes.
Nombre d'élus à droite ont en revanche plaidé pour le statu quo, à l'image du président de l'UDI Jean-Louis Borloo, qui a expliqué dans un entretien à France Inter qu'il "n'aurait pas ouvert le débat aujourd'hui", tout en observant que la modification proposée "n'est pas une affaire d'État", ni un "drame".
it"Un retour en arrière considérable"
Pour répondre à ces critiques, la ministre des droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem a défendu sur RTL "la liberté de choisir" des femmes si elles veulent ou non mener à terme une grossesse, face aux "tentations de régression", comme en Espagne. Selon elle, les opposants au droit à l'IVG ne représentent qu'une minorité.
S'inquiétant d'une remise en cause du droit à l'avortement, le porte-parole du PS David Assouline a déploré également un "phénomène européen, réactionnaire" et une "manifestation qui veut nous faire revenir en arrière de façon considérable".
Hasard du calendrier, les deux articles concernant l'IVG devraient êtres étudiés par les députés vendredi, jour de la rencontre entre le président François Hollande et le Pape François.
Avec dépêches AFP et Reuters