Le procès de l'affaire Zahia s'ouvre lundi au tribunal correctionnel de Paris. Les footballeurs français Franck Ribéry et Karim Benzema accusés d'avoir eu des relations sexuelles tarifées avec une prostituée mineure encourent trois ans de prison.
Il y a plus de trois ans, l'affaire avait défrayé la chronique au moment de son instruction. C’est ce lundi 20 janvier que s’ouvre le procès Zahia devant le tribunal correctionnel de Paris, dans lequel les footballeurs français Franck Ribéry et Karim Benzema sont accusés d'avoir eu des relations sexuelles tarifées avec la jeune escort girl, Zahia, alors âgée de 16 ans au moment des faits.
3 ans de prison et 45 000 euros d'amende
Les deux stars de l’équipe de France, soucieuses de préserver leur image, n’ont pas souhaité se présenter aux audiences. C’est donc sans les principaux protagonistes de l’affaire et sans Zahia que devrait s’ouvrir le procès, prévu sur quatre jours. Le milieu de terrain du Bayern Munich, à qui le Ballon d'or a échappé récemment, et l'avant-centre du Real Madrid encourent chacun trois ans de prison et 45 000 euros d'amende pour "recours à la prostitution d’une mineure".
Franck Ribéry est soupçonné d'avoir eu des rapports sexuels avec Zahia en 2009 à Munich, puis à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). Il l'aurait payée 700 euros la première fois, mais ne l'aurait pas rémunérée la seconde.
Si l’international munichois a avoué avoir eu une relation sexuelle avec la jeune fille qui, de son côté, a assuré avoir menti sur son âge, le joueur conteste toutefois avoir rémunéré l’escort girl. D’après son avocat, il ne lui aurait versé que 200 euros pour prendre un taxi et ignorait tout de son âge.
L'accusation estime de son côté que la venue de Zahia en Allemagne, dans le simple but d'avoir des relations sexuelles avec lui, aurait dû l'alerter sur la nature de ses prestations. Il est par ailleurs improbable, aux yeux des juges, que la jeune femme, qui se prostituait depuis l'âge de 15 ou 16 ans et faisait payer ses prestations en moyenne 1 000 à 1 500 euros, se soit déplacée à l'étranger pour des relations non rémunérées.
Karim Benzema est, lui, soupçonné d'avoir remis à l'adolescente 500 euros en mai 2008, après une relation sexuelle dans un hôtel parisien, ce qu'il conteste. Son avocat, Me Sylvain Cormier, a confié à Reuters ne pas souhaiter s'exprimer avant l'ouverture du procès.
"Une grande lucidité chez cette femme"
En juin dernier, le procès avait été renvoyé à la suite d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) de l'avocat de Franck Ribéry portant sur l'article du code pénal sanctionnant la sollicitation de prostituées mineures.
Me Carlo-Alberto Brusa a notamment fait valoir que ce texte n'était pas suffisamment précis, mais en août dernier, la cour de cassation a rejeté la QPC, jugeant que l'infraction présumée était clairement définie. Lors de l'instruction, le parquet avait requis un non-lieu concernant les deux stars de l'équipe de France, estimant qu'ils ignoraient que la prostituée était mineure.
"On a construit le renvoi en correctionnelle sur la base de présomptions, de déductions, mais il n'y a pas eu ni une déclaration, ni un fait objectif sur le fait que M. Ribéry connaissait l'âge de cette femme", a déclaré Me Carlo-Alberto Brusa à Reuters-TV.
L'avocat a souligné que Zahia ne s'était pas constituée partie civile, ce qu'elle aurait fait, selon lui, si elle s'estimait victime."Elle n'a fait que répéter, après même l'instruction, que M. Ribéry ne savait pas. Elle l'a dit encore dans une émission. Ce qui est important, c'est qu'on ressent une grande lucidité chez cette femme", a-t-il ajouté.
Six autres personnes et un établissement sont également renvoyés devant le tribunal correctionnel, notamment pour aide à la prostitution et recours à la prostitution d'une mineure.
La jeune prostituée Zahia, que cette affaire a depuis soudainement fait accéder à la célébrité, a su tirer partie de cette histoire. La jeune femme d'affaires s'est depuis lancée dans la création de lingerie et participe régulièrement à des émissions de télévision. Une exposition médiatique dont les deux internationaux, à l'image déjà sulfureuse, se seraient certainement bien passés.
Avec AFP