Les combats entre rebelles et djihadistes qui font rage dans le nord de la Syrie ont provoqué un afflux de réfugiés vers la Turquie. Les envoyés spéciaux de FRANCE 24 sont allés à la rencontre de ces familles qui ont tout abandonné pour survivre.
Par centaines, des familles syriennes continuent d'affluer en Turquie, fuyant les exactions et les combats entre rebelles et djihadistes qui font rage dans le nord de la Syrie. Ces déplacés ont trouvé refuge dans la ville frontalière d’Akçakale, où ils se sont installés dans les fondations d'immeubles en construction.
Cette nouvelle vague de déplacés, dans un pays qui accueille déjà plus de 500 000 réfugiés syriens, a été notamment provoquée par l'avancée des djihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL). Ce groupe extrémiste, qui inspire la crainte par sa réputation de brutalité, contrôle désormais la ville frontalière de Tal Abyad.
"Ce sont des terroristes, ils n'ont rien à voir avec la révolution, et la plupart d'entre eux ne sont même pas syriens", peste Abou Mohammed, un réfugié qui s'inquiète désormais, à l’instar de ses compagnons d’infortune, pour ses proches restés au pays.
Vivre sous la dictature des djihadistes
Même constat du côté d’Abou Hussein, qui a dû tout abandonner pour se réfugier en Turquie. Désormais, il vit dans un appartement à Akçakale avec 20 membres de sa famille. Pour sa belle-sœur, vivre sous la dictature des djihadistes était tout simplement inconcevable.
"Ils forcent les veuves à se marier avec eux. Mon mari était un soldat de l'Armée syrienne libre (ASL), il est mort en martyr, explique Oum Maria, une réfugiée syrienne. Et bien si j'étais restée en Syrie, ils m'auraient forcée à me marier avec un djihadiste, il en était hors de question".
Violation du droit des femmes, enlèvements, exécutions sommaires : autant de pratiques imputées à l’EIIL qui suscitent l'indignation des Syriens. Pour Abou Hussein, aucune religion ne justifie de telles exactions. "Ces gens-là n'ont rien compris à l'islam. Ils ne tolèrent pas les chrétiens, ni aucune autre minorité. Ils ont même enlevé la croix de l'église qui se trouve à Tal Abyad", déplore-t-il.
Pour lui, il n’est plus question de rentrer en Syrie. S’il envisage, de son côté, d'émigrer en Europe, d’autres espèrent ardemment voir l'ASL reprendre le dessus et chasser les djihadistes qui se sont implantés dans leur pays.