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Les Faucons de Bagdad, la brigade qui défie la mort

L’année 2013 a été la plus sanglante en Irak depuis cinq ans. Les attentats sont quotidiens à Bagdad. Pour venir à bout des violences, un groupe de policiers est en première ligne : les Faucons de Bagdad, spécialisés dans le désamorçage des bombes.

L'Irak renoue avec ses années les plus noires. En 2013, les violences et les attentats ont fait 7 800 morts. À Bagdad notamment, les attentats à la voiture piégée font partie du quotidien. Un groupe de démineurs, surnommés les Faucons de Bagdad, sont tous les jours sur le terrain. À la moindre alerte, la brigade de police doit partir au plus vite.

Ce jour-là, direction le quartier chiite d'Hay al-Amel, à l'ouest de la capitale, où une voiture piégée vient d'exploser. Il s’agit de la deuxième détonation en moins de 10 minutes à Bagdad. "Ils ciblent des quartiers chiites, pas des quartiers sunnites. C'est là que l'organisation Al-Qaïda travaille", explique à FRANCE 24 le sergent Raad, de la Brigade des Faucons.

Comme beaucoup de véhicules piégés à Bagdad, la voiture était un taxi. Le bilan est lourd : neuf blessés évacués vers les hôpitaux et deux morts. Les deux victimes sont des policiers, qui, en voyant ce véhicule suspect, avaient pris soin de barrer la route avant de briser les vitres de la voiture. Leur courage leur a été fatal.

"Tu as vu ce qu'ils ont mis dedans ? Des barres de fer, ils ont mis ça à l'intérieur de la voiture", commente le sergent Raad en montrant un mur situé à 200 mètres de l’explosion et couvert d’impacts.

Ces objets métalliques tuent ou blessent grièvement. Un policier confie à l’équipe de FRANCE 24 que des analyses ont même révélé la présence de clous mélangés à de la mort au rat, lors de précédents attentats.

Au péril de leur vie

Créée en 2005, la Brigade des Faucons est composée de quatre équipes de 12 hommes. Leurs missions sont très dangereuses car leur vie ne tient souvent qu'à des fils reliés à des batteries et à des explosifs actionnés par téléphone portable.

Ces hommes sont aussi dans la ligne de mire directe d'al-Qaïda. Des dizaines d'entre eux ont été grièvement blessés ou tués lors d'opérations de déminage. Pour le lieutenant Mohammed, la mort fait partie du quotidien : "Quand je sors de la maison, je lis la fatiha [sourate du Coran, NDLR] et dis la shahada [profession de foi, NDLR]. Quand on va en mission, même chose. Pas seulement moi, Saad aussi. Et tous les autres. Car tu peux sortir de la maison un jour et tu peux ne plus y revenir".

Quelques jours plus tard, une nouvelle tragédie frappe la rue Palestine à Bagdad. Un homme d’une soixantaine d’années vient de mourir dans un attentat. Selon l’enquête de police, il n’était pas directement visé. La voiture qu'il conduisait appartenait à l'un de ses amis, qui, quelques jours auparavant, avait poignardé un kamikaze avant qu'il ne s'explose. En représailles, al-Qaïda aurait placé une bombe magnétique sous le siège de son véhicule.

Une population en première ligne

Plusieurs dizaines de voitures piégées et bombes artisanales de ce type explosent chaque semaine en Irak. En 2013, plus de 6000 Irakiens auraient péri dans des attentats. Les blessés se comptent aussi par milliers sans qu'il soit possible d'en donner le nombre.

Victime il y a 9 mois d'une voiture piégée, un Irakien témoigne devant la caméra de FRANCE 24. Saad a été touché au visage, aux jambes et à la poitrine. Il doit sa survie à un mur : "Ma tête était en morceaux et les gens devant moi amputés. Moi, Dieu m'a sauvé. Pour mes enfants".

Ses douleurs incessantes l'empêchent de travailler. Faute d'argent, toute la famille a échoué dans un bidonville du centre de Bagdad. Sans prise en charge de l'État, il est très difficile pour les personnes victimes d’un attentat de se reconstruire.