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Le procès par contumace de quatre membres du Hezbollah, accusés de l'assassinat en 2005 de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, s'est ouvert jeudi à La Haye.

Il a fallu attendre neuf ans pour que s'ouvre le procès des assassins de l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, mort dans un attentat le 14 février 2005. Mais aucun des quatre accusés ne se trouvait dans la salle d’audience de La Haye à l’ouverture du procès, jeudi 16 janvier. Moustafa Amine Badreddine, Salim Jamil Ayyash, Hussein Hassan Oneissi et Assad Hassan Sabra sont en effet toujours en fuite.

"Nous allons procéder comme si les accusés étaient présents et avaient plaidé non-coupables", a déclaré le juge David Re à l’ouverture de l’audience publique devant le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), seul tribunal pénal international habilité à juger des actes de terrorisme.

L’attentat contre Rafic Hariri a tué en tout 23 personnes, dont "des passants innocents, un père, un frère, une fille, des amis, une étudiante", et en a blessé 226 autres, a ensuite rappelé le procureur Norman Farrel. L’objectif des terrotistes était "de répandre la panique et la terreur à Beyrouth et au Liban", a poursuivi le magistrat, avant d’ajouter : "La force de l’explosion a été telle que Rafic Hariri a été projeté en dehors de sa voiture".

L’ex-Premier ministre est mort après l’explosion d’une camionnette piégée sur le front de mer de Beyrouth au moment où il se rendait à son bureau à bord d’un véhicule blindé. L’engin piégé contenait l’équivalent de deux tonnes de TNT, son explosion a creusé un énorme cratère sur la chaussée. La scène a été reproduite en maquette et installée au milieu de la salle d’audience à La Haye.

"Le temps de la justice"

"C’est un jour historique pour le Tribunal spécial pour le Liban et aussi pour le peuple libanais, c’est la première fois qu’un acte terroriste est jugé à un niveau international", s’est réjouit devant la presse Martin Youssef, porte parole du TSL.

Le fils de Rafic Hariri, Saad, qui assiste au procès, a assuré à la presse "avoir longtemps attendu" ce procès. "J’espère que nous verrons le temps de l’impunité laisser sa place au temps de la justice", a-t-il déclaré. Les quatre suspects identifiés appartiennent, selon l’accusation, au mouvement chiite libanais du Hezbollah.

Au Liban, les autorités ont salué l’ouverture de ce procès, mais "l’opinion publique est très divisée sur la question", a affirmé Selim El-Meddeb, correspondant de FRANCE 24 à Beyrouth. "Beaucoup de gens jugent quand même que ce procès se déroule trop loin […] et même parmi ceux qui soutiennent le camp de Saad Hariri critiquent le fait que le procès se déroule en l’absence des accusés. Ceux-ci, d’ailleurs, sont largement considérés comme des exécutants, et il y a très peu de chances de voir un jour jugés les commanditaires de cette attaque", poursuit le journaliste.

D’autre part, les Libanais sont davantage préoccupés par l’instabilité croissante dans le pays, par la nouvelle montée des tensions entre sunnites et chiites, que par ce procès, poursuit Selim El-Meddeb. Quelques heures après l’ouverture de la première audience du TSL à La Haye, un attentat à la bombe a tué trois personnes dans un fief du Hezbollah, à proximité de la frontière syrienne. "Malgré un certain intérêt pour les crimes du passé, l’inquiétude la plus importante reste focalisée sur les crimes, qui, très certainement, se dérouleront dans l’avenir", a conclu le journaliste.

Avec AFP