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L’équipe de France de handball est assurée de disputer la 2e phase de l’Euro-2014 après ses deux succès face à la Russie lundi (35-28) et la Pologne mercredi (28-27). Deux victoires qui doivent beaucoup au "patron" des Bleus, Nikola Karabatic.

Nikola Karabatic est actuellement au sommet. Sacré meilleur joueur de handball au monde en 2008, le Français n’est pas loin de retoucher du doigt un tel statut. Élu meilleur joueur de la rencontre face à la Pologne, jeudi 16 janvier, après ses huit buts inscrits (8/10), le demi-centre du FC Barcelone avait déjà pris une part prépondérante (6 buts et 100 % de réussite aux tirs) lors du succès inaugural de l’équipe de France de handball, le 13 janvier contre la Russie (35-28). Ces deux victoires ont assuré la qualification des Bleus pour la deuxième phase de l'Euro-2014 avant même de disputer leur dernier match de poule, vendredi face à la Serbie.

Une situation qui fait dire au sélectionneur des Tricolores, Claude Onesta, que Nikola Karabatic est devenu "le patron" des Bleus. "Il est en train de véritablement installer son emprise sur l'équipe de France et de prendre progressivement le relais de joueurs comme Didier Dinart [parti à la retraite, NDLR] et Bertrand Gille [blessé, NDLR]. Il en devient le patron, ce qui n'était pas encore le cas" avant l'Euro, a déclaré Onesta, jeudi, lors d'une conférence de presse.

FRANCE 24 a rencontré Nikola Karabatic, double champion olympique (2008, 2012), double champion du monde (2009, 2011) et double champion d’Europe (2006, 2010), peu avant son départ pour l’Euro-2014 au Danemark.

FRANCE 24 : Comment vivez-vous le fait de passer de statut d’équipe ‘imbattable’ à celui d’équipe plus abordable ?

Nikola Karabatic : Le fait d’être maintenant 'outsider' et non plus grand favori, nous enlève de la pression. Tous les joueurs sont conscients d’être dans une phase de transition. Malgré tout, quand on regarde le potentiel de l’équipe, on sait que si l’on joue bien, que l’on est tous à notre meilleur niveau, on peut battre n’importe quelle équipe. On ne craint personne.

Vos dernières déconvenues à l'Euro-2012 (11e) et au Mondial-20113 (6e) ont toutefois changé le regard de vos adversaires, cela ne vous ennuie-t-il pas ?

N. K. : Je ne vis pas dans le passé. Si l’on a su remporter autant de titres avec l’équipe de France c’est parce que l’on s’est toujours projeté vers l’avant. On ne s’est jamais contenté de ce que l’on avait gagné. Ce que l’on a fait, on en est très fier. Cela va à jamais rester dans notre vie et lorsque l’on aura fini notre carrière on pourra fêter ça, mais là, on va vers l’avant.

Le plus important, c’est toujours ce qui vient. Je prends autant de plaisir maintenant que par le passé. C’est un vrai bonheur de se retrouver en équipe de France, d’être avec des joueurs avec qui tu évolues depuis 10, 15 ans. Car plus que des amis, ce sont quasiment des frères.

Quels sont vos objectifs pour cet Euro au Danemark ?

N. K. : Notre objectif aujourd’hui, c’est justement de retoucher du doigt des titres. On a conscience du danger, mais cette peur nous oblige à être très attentif et à ne pas se manquer.

Si tu finis premier de ton groupe, tu peux rendre le 2e tour très facile et être en demi-finale avec presque qu’une victoire. Et quand tu es dans le dernier carré, tu ne te satisfais pas d’une deuxième ou d’une quatrième place. Quand tu fais du sport de haut niveau, c’est pour gagner.

Vous avez des responsabilités très importantes. Avez-vous conscience que si vous, vous passez à côté d’un match, l’équipe de France à toutes les ‘chances’ de perdre ?

N. K. : Oui, c’est sûr ! Ce sont des responsabilités fortes, mais je les ai depuis un moment. Et je ne suis pas seul. On sait que si Cédric (Sourhaindo), Luc (Abalo), Mika (Guigou) et Daniel (Narcisse) sont aussi à leur meilleur niveau, nous sommes capables de grandes choses. Quelque part, c’est beaucoup de pression, mais c’est notre rôle en équipe de France. Nous devons être des leaders : marquer, être bons en défense, prendre les rênes du jeu et faciliter l’intégration des autres joueurs.

Mais vous, on vous sent particulièrement costaud mentalement. Même quand vous êtes en échec, vous parvenez à remonter la pente et à tirer vos coéquipiers vers le haut...

N. K. : C’est une notion très importante dans le sport de haut niveau. J’ai beaucoup appris lors de mon passage en Allemagne [à Kiel entre 2005 et 2009, NDLR]. Au début, quand je jouais en France, je ratais quelques tirs et on me mettait sur le banc. Après je cogitais et jusqu’au match suivant, j’étais dedans. En Allemagne, on m’a appris à passer au-dessus de cela, à oublier les statistiques. Le handball, ce n’est pas un sport de statistiques, ce n’est pas du basket. Tu peux rater une première mi-temps et être bon par la suite.

Réussir cela fait-il la différence entre un grand joueur et un bon joueur ?

N. K. : Bien sûr ! Quand tout va bien, c’est facile. Ce qui est difficile dans le sport de haut niveau, c’est de ne pas baisser les bras lorsqu'on est dans une phase d’échec, de continuer à apporter à l’équipe. C’est quelque chose que j’ai appris et c’est très important.

Vous aurez 30 ans en avril prochain, pensez-vous un peu à votre après-carrière ?

N. K. : Je suis sur le circuit depuis mes 18 ans, que cela soit en club ou en équipe de France. Je n’ai pas raté une compétition et c’est vrai que mon après-carrière se rapproche de plus en plus. Moi je m’arrêterai quand je ne pourrai plus rien apporter à l’équipe de France au niveau du jeu et quand il sera trop dur pour moi d’enchaîner en club et en sélection.

Au fil de ma carrière, j’ai rencontré des personnes qui m’inspirent comme mon entraîneur en Allemagne [Zvonimir Serdarušić, NDLR], qui m’a beaucoup appris. Je sais que c’est quelque chose que je pourrai transmettre. Mais j’ai aussi d’autres projets avec des amis, comme monter un centre de préparation pour le sport à Biarritz.

Je n’ai pas encore une idée très précise de ce que je veux faire, mais j’ai toujours essayé de bien gérer mon argent depuis que j’ai commencé à jouer au handball afin qu’après ma carrière, je puisse faire ce dont j’ai envie et ne pas être dans le besoin.