
Le ministre du Redressement productif trouve les promesses du patron du Medef insuffisantes. Montebourg veut un engagement sur 1,8 million d'emplois d'ici 2017 dans le cadre du pacte de responsabilité annoncé par le président Hollande.
Pierre Gattaz ? Peut mieux faire. C'est le principal message qu'Arnaud Montebourg a adressé au chef du Medef, jeudi 16 janvier, lors des vœux à la presse du ministre du Redressement productif. Pourtant, le patron des patrons pensait avoir frappé un grand coup en annonçant la semaine dernière que le secteur privé pourrait créer un million d'emplois d'ici 2020, si le gouvernement baissait les charges des entreprises de 100 milliards d'euros sur cinq ans.
Cette promesse patronale, qui s'inscrit dans le débat autour du pacte de responsabilité défendu par François Hollande lors de son grand oral devant la presse le 14 janvier, peut sembler impressionnante. Pas pour Arnaud Montebourg. Le ministre juge que c'est de la poudre aux yeux à tous les niveaux. D'abord parce que, affirme-t-il, "ça ne ferait baisser le chômage qu'à un peu plus de 9%, ce qui n'est pas grand chose par rapport au niveau actuel". Ensuite, "100 milliards d'euros pour un million d'emplois, ça fait cher payé l'emploi".
Social-démocrate vs "social-patriote" ?
Arnaud Montebourg a une idée très précise de ce qu'il attend de Pierre Gattaz. "Notre objectif doit être de ramener le chômage à des niveaux plus proches de ceux des États-Unis ou de l'Allemagne, c'est à dire environ 7%". Pour ce faire, le ministre demande au Medef de promettre plutôt 1,8 million d'emplois... Tout en se satisfaisant des 30 milliards d'euros de charges en moins annoncées par François Hollande.
Mais au-delà des effets d'annonces, Arnaud Montebourg reste aussi flou que l’organisation patronale sur la manière d'atteindre les objectifs de création d'emploi. Il se contente de rappeler qu'entre "1997 et 2001 la France avait créé deux millions d'emplois, grâce notamment aux baisses de charges qui ont accompagné la loi sur les 35 heures". Un chiffrage contesté, puisque le débat à propos de l'effet de la loi Aubry sur le chômage n'a jamais été définitivement tranché.
Qu'importe, au fond, cette guerre des chiffres. Pour Arnaud Montebourg l'important était, peut-être, ailleurs. Le discours du chantre du made in France et de l'État interventionniste risquait d’être relégué au second plan après les œillades de François Hollande au monde de l'entreprise. Face au "virage" social-démocrate du président, que reste-t-il à celui qui a encore prôné ce jeudi un État "social-patriote" ? En taclant Pierre Gattaz, Arnaud Montebourg remet les pieds dans le plat de l'actualité. En espérant y faire entendre sa différence.