Au cours d'une conférence de presse, le commissaire à la Diversité a une nouvelle fois défendu l'introduction de statistiques ethniques en France. La remise - reportée - de son rapport sur la question à Nicolas Sarkozy aura lieu le 7 mai.
Depuis plusieurs semaines, le rapport du commissaire à la Diversité et à l'Égalité des chances, Yazid Sabeg, qui doit être remis au chef de l'État le 7 mai, suscite la polémique.
Il préconise, notamment, d'avoir recours aux statistiques ethniques sur la base du volontariat et de l'anonymat et de généraliser le CV anonyme pour promouvoir la diversité dans les entreprises françaises. Deux mesures qui lui ont valu une volée de bois vert de la part des associations et de certains parlementaires...
"Je ne comprends pas pourquoi ils refusent ce genre d’instruments et pourquoi ils ont peur de regarder les choses en face, a-t-il regretté. Pis, je trouve que certaines émotions suscitées par ces deux propositions sont suspectes et hors-sujet."
Il a par ailleurs ajouté : "Ce ne sont pas les statistiques qui minent la société, ce sont les discriminations. C’est pour cela que je souhaite les évaluer et les combattre."
Jeudi, lors d'une conférence de presse, à Paris, Yazid Sabeg a énuméré quelques mesures concrètes visant à lutter contre les discriminations : installation de délégués préfectoraux dans les quartiers difficiles, rééquilibrage politique et financier entre les villes pauvres et les villes riches, accès aux grandes écoles pour les jeunes issus des quartiers défavorisés et prise en compte, par les entreprises et les institutions politiques, du principe de l’égalité et de la diversité.
"Vaincre nos préjugés raciaux"
À la question de savoir où se situent les forces d’inertie qui empêchent la diversité de prendre son envol, l’industriel et ami personnel de Nicolas Sarkozy a pointé du doigt les préjugés et le conformisme des leaders politiques et des chefs d’entreprises.
Pour lui, "on n’a pas encore admis que le peuplement de la France a été très divers. La preuve, ce n’est qu’au lycée qu’on commence à évoquer ce genre de sujet, alors que le bon sens aurait voulu qu’on en parle dès l’école primaire pour permettre aux enfants de grandir en étant conscients des origines multiples des Français".
Présenté par les médias comme le "démineur du plan banlieue", Yazid Sabeg a également plaidé pour davantage de mixité dans la politique de l’habitat. Il a indiqué qu’une commission parlementaire étudie actuellement la possibilité de légiférer dans ce domaine pour éviter la concentration des populations d’origines étrangères dans des barres d’immeubles, loin des centres villes.
Comparant la France et les États-Unis, Sabeg a souligné la nécessité de "vaincre nos préjugés raciaux". Tout en admettant que la France était, au départ, en avance sur la lutte contre la pauvreté, il reconnaît que, aujourd'hui, les Américains ont mis de côté la question de la couleur et de la race dans les rapports sociaux.
"La nomination de Barack Obama est en réalité le résultat de quarante ans de politique basée sur 'l’affirmative action' (discrimination positive) et de lutte contre les discriminations", a expliqué Sabeg. Il en veut pour preuve le fait que, "parmi les 170 ambassadeurs et les 100 premiers officiers supérieurs français, il n’y a pas un seul Antillais" !
L’épais code éthique de la BBC
Par ailleurs, Yazid Sabeg veut s’attaquer à une autre citadelle qui reste, pour l'heure, fermée aux jeunes issus de la diversité : la presse. Il installera vendredi une commission "Médias et diversité".
Elle sera chargée d'énoncer, dans les trois mois, un certain nombre de recommandations pour "rendre la diversité plus visible dans les radios et sur les plateaux de télévisions".
"Il faut que ces derniers soient plus représentatifs de la société française, plus éthiques et adoptent une démarche pluraliste en terme de recrutements et de contenus", a-t-il déclaré.