![Bangladesh : victoire en trompe-l'œil pour le parti au pouvoir Bangladesh : victoire en trompe-l'œil pour le parti au pouvoir](/data/posts/2022/07/19/1658195814_Bangladesh-victoire-en-trompe-l-il-pour-le-parti-au-pouvoir.jpg)
La ligue Awami, le parti au pouvoir, a remporté, lundi, les élections législatives au lendemain d'un scrutin - sanglant - dont l'issue ne faisait aucun doute. L'opposition demande l'annulation des élections et a appelé à une nouvelle grève générale.
Le résultat du scrutin ne faisait aucun doute. Lundi 6 janvier, la Ligue Awami, le parti au pouvoir, a sans surprise remporté les élections législatives de la veille, marquées par un taux de participation particulièrement bas. La légitimité du vote est fortement remise en cause : la Ligue Awami et ses alliés n’avaient aucun adversaire politique dans 153 des 300 circonscriptions, l’opposition ayant boycotté le scrutin.
Selon les premiers résultats officiels, le parti du Premier ministre, Sheikh Hasina, est assuré d’une majorité supérieure aux deux tiers, avec 232 sièges. Toutefois, elle sort affaiblie de ce scrutin sanglant. La faible participation pourrait la contraindre à trouver un compromis avec sa rivale conservatrice, la bégum Khaleda Zia, chef du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP).
Les Bangladais se sont en outre peu mobilisés en raison de la série d’incidents qui a émaillé le scrutin. Au moins 18 personnes sont mortes dans des émeutes, des milliers de manifestants ont attaqué des centaines de bureaux de vote et ont contribué à élargir la fracture politique dans cette jeune démocratie qui a connu une vingtaine de coups d'État depuis son indépendance en 1971.
"Farce électorale"
"Les répercussions immédiates de ce lamentable taux de participation sont de mettre une grande pression sur le gouvernement d’Hasina pour qu’elle engage des négociations avec l’opposition", estime Hossain Zillur Rahman, économiste et conseiller d’un ancien gouvernement de transition, chargé de veiller au déroulement d’élections. "Il s’agit d’un signe fondamental de protestation du peuple bangladais qui nous crie son mécontentement face à la manière dont ont été organisées les élections dans ce pays", ajoute-il.
Côté médias, le populaire "Daily Star" a déploré l'élection la plus sanglante de l'histoire du pays et proclamé "la victoire sans substance" de l'Awami League, "qui ne lui donne ni mandat ni légitimité éthique pour gouverner".
L'opposition a décidé, dimanche, d'appeler à une reconduite de la grève générale de 48 heures, jusqu'à mercredi, pour protester contre "la farce électorale" et la répression qui a fait, selon elle, une dizaine de morts dans ses rangs. "Nous avons appelé à la grève pour que le gouvernement annule cette farce électorale", a déclaré Sayrul Kabir, porte-parole du BNP.
Risque d'isolement international
Le quotidien "New Age" a appelé lundi le pouvoir au compromis, estimant que son "intransigence" finirait par avoir des conséquences catastrophiques. "Le pays pourrait subir la colère de la communauté et des organismes internationaux, et même se retrouver isolé, économiquement, diplomatiquement", a-t-il mis en garde.
Avant l'élection, les États-Unis, le Commonwealth et l'Union européenne s'étaient dit vivement préoccupés par le risque d'embrasement dans ce pays de 154 millions d'habitants, le huitième le plus peuplé du monde. L’Union européenne, qui absorbe 60 % des exportations du secteur local de la confection et du textile, avait refusé d’envoyer une mission d’observation électorale estimant que les conditions d'un scrutin libre et transparent n'étaient pas réunies. Les États-Unis et le Commonwealth, qui regroupe 53 nations, d’anciennes colonies britanniques pour l’essentiel, ont fait de même.
L’opposition réclamait la mise en place d'un gouvernement neutre et provisoire avant l'organisation d'élections, comme ce fut le cas dans le passé, mais le gouvernement a refusé.
Avec AFP et Reuters