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Reportage : l'aéroport de Bangui, cet immense camp de réfugiés

Les habitants de Bangui, la capitale centrafricaine, continuent de fuir les violences en s’installant notamment au bord des pistes de l’aéroport de la ville. Les envoyés spéciaux de FRANCE 24 se sont rendus dans cet immense camp de réfugiés.

L’aéroport de Bangui ressemble aujourd’hui à un immense bidonville. Dans des abris de fortune, s’entassent depuis trois semaines des dizaines de milliers de Banguissois, qui viennent ici se réfugier après avoir fui les violences de la capitale centrafricaine. Selon Roméo Langlois et Nicolas Germain, les envoyés spéciaux de FRANCE 24 sur place, ils seraient près de 100 000 à être désormais installés au pied des pistes.

Dans ce camp de réfugiés improvisé, la vie s’organise tant bien que mal au rythme des décollages et des atterrissages. Sur un petit lopin de terrain, les bénévoles se relaient pour prendre soin des enfants qui, dans la panique des violences qui ont ensanglanté Bangui ces dernières semaines, ont perdu la trace de leurs parents. "Parfois, on arrive à les restituer à leurs parents, parfois quatre ou cinq enfants passent la nuit avec nous, ici", explique l’un des réfugiés en charge de ces mineurs.

Services médicaux de fortune

Un peu plus loin, une tente faisant office de maternité a été mise en place par Médecins sans Frontières (MSF). Quelques femmes s’y reposent sur des matelas posés à même le sol. Un jeune Centrafricain a vu son premier enfant naître ici. "C’est un bébé qui est né en pleine guerre, dans un moment qui est vraiment difficile à gérer, regrette-t-il. On n’a rien, on n’a pas d’argent, rien…"

À quelques pas de là, une longue file d’attente serpente entre les tentes. Des femmes attendent de voir leur enfant ausculté dans le "service pédiatrie" installé sur le camp. La clinique a été montée en urgence par MSF. L’ONG se sent seule, alors que chaque jour, de nouveaux Centrafricains viennent agrandir le camp de l’aéroport. "Ce qui me frappe ici, témoigne Lindis Hurum, coordinatrice d’urgence de l’ONG, c’est qu’on est juste à côté de l’aéroport dans la capitale, c’est vraiment accessible pour toutes les organisations et il n’y a personne".

Hollande appelle l’ONU à l’aide

Vendredi 27 décembre, le président François Hollande a appelé l’ONU à la rescousse, au cours d’un entretien avec le secrétaire général des Nations unies Ban Ki Moon. "Je souhaiterais que les Nations unies jouent un rôle plus important encore dans la période de transition en Centrafrique", a déclaré le chef de l’État français, non sans avoir remercié l’ONU pour avoir encouragé le déploiement des 4 500 hommes de la Misca, la Mission internationale de soutien de la Centrafrique.

"L’opération française a pour but de protéger l’ensemble de la population centrafricaine des exactions commises à son encontre, sans discrimination", a rappelé François Hollande. Pour l’heure, les 1 600 soldats français de l’opération Sangaris, qui ont pour tâche de désarmer les ex-rebelles de la Séléka et les anti-balaka (les milices d’auto-défense chrétiennes), semblent dépassés. La capitale, comme les bourgades de provinces, connaissent, ces derniers jours, un regain de violence. Les Centrafricains continuent de fuir leurs foyers pour se réfugier en République démocratique du Congo, malgré la fermeture des frontières, ou dans des camps improvisés, souvent sans aucune aide humanitaire.