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Attentat à Beyrouth : Hariri accuse implicitement le Hezbollah

Un attentat à la voiture piégée a secoué le centre-ville de Beyrouth vendredi, visant le convoi de Mohammad Chatah, proche conseiller de l'ex-Premier ministre Saad Hariri. Ce dernier accuse implicitement le Hezbollah d'en être l'auteur.

Un attentat à la voiture piégée a secoué le centre-ville de Beyrouth, vendredi 27 décembre, faisant au moins cinq morts et plus de 50 blessés, selon un premier bilan de la Croix-Rouge libanaise. Il visait le convoi de Mohammad Chatah, un proche conseiller de l'ex-Premier ministre Saad Hariri et ancien ministre des Finances.

Saad Hariri a aussitôt réagi dans un communiqué publié sur son compte Facebook, accusant implicitement le Hezbollah d'être l'auteur de l'attaque. "Cet attentat est une nouvelle agression terroriste contre nous, et ceux qui ont tué Mohammad Chatah sont les mêmes que ceux qui ont assassiné Rafic Hariri [l'ancien Premier ministre libanais assassiné en février 2005, NDLR]. "

"Pour nous, les accusés sont [...] les mêmes qui se dérobent à la justice internationale [...] et ceux qui propagent l'incendie régional à la nation [libanaise, NDLR]", a-t-il ajouté en référence au Hezbollah, qui refuse de remettre à la justice internationale cinq de ses membres inculpés dans l'assassinat de son père, Rafic Hariri, et dont les combattants soutiennent le régime de Damas dans sa lutte contre la rébellion.

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Attentat à Beyrouth : Hariri accuse implicitement le Hezbollah

De son côté, le Hezbollah a déclaré quelques heures après cet attentat que "l’assassinat de Mohammad Chatah ne profite qu’aux ennemis du Liban et fait partie de la série de crimes et d’attentats, qui visent à détruire le pays".

Le régime syrien, également accusé par la coalition libanaise hostile au pouvoir à Damas d’être derrière cette attaque, a démenti toute implication. "Ces accusations arbitraires et sans discernement émanent de haines politiques", a martelé le ministre syrien de l'Information Omrane al-Zohbi, dont les propos ont été repris par l'agence officielle Sana.

"Certaines personnalités au Liban n'ont jamais cessé d'accuser (le pouvoir à Damas) à chaque fois qu'un assassinat douloureux se produit dans le pays frère qu'est le Liban", a-t-il poursuivi, en référence à la coalition du 14 mars, hostile à Damas.

Témoin potentiel au procès du meutre de Rafic Hariri

Mohammad Chatah, ex-ambassadeur libanais à Washington, âgé de 62 ans, se rendait à la résidence du leader sunnite Saad Hariri, absent du pays, où devait se tenir à 09h30 [07h30 GMT] une réunion de la coalition de l'opposition dite du "14-Mars", hostile au régime syrien.

Dans son dernier tweet, publié une heure avant sa mort, il s'en prenait au Hezbollah de Hassan Nasrallah, l'accusant de faire le jeu du président syrien Bachar al-Assad au Liban.

L’assassinat de Mohammad Chatah a suscité de nombreuses condamnations de plusieurs acteurs politiques du pays. Un député du Hezbollah, Ali Ammar, a qualifié l’attentat de vendredi de crime, ainsi que d"'élément d'une vague de terrorisme que subissent le Liban et sa région".

L’attaque a également été condamnée par le président chrétien Michel Sleimane et le Premier ministre sunnite Najib Mikati, qui a regretté le meurtre d'"un universitaire modéré et d'une figure politique noble qui croyait au dialogue, à la voix de la raison et au droit d'avoir des positions différentes".

Cet attentat intervient 20 jours avant le début du procès des responsables présumés de l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri. Le meurtre de ce dernier le 14 février 2005 avait plongé le Liban dans la tourmente. Coïncidence ou mobile du crime ? Selon plusieurs sources citées par les médias libanais, Mohammad Chatah était l'un des témoins potentiels. Il devait être entendu par le Tribunal spécial pour le Liban [TSL], qui a mis en accusation des membres du Hezbollah.

Avec AFP et Reuters