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Un Français enlève sa fille pour la "mettre en sécurité" en Syrie

Un mandat d'arrêt international a été émis contre un père soupçonné de vouloir emmener sa fille en Syrie pour combattre avec les djihadistes. Interrogée par FRANCE 24, la mère de l'enfant raconte la radicalisation de son mari.

Depuis deux mois, les seuls contacts que Meriam Rhaiem a eu avec son mari et sa fille de 20 mois se sont faits par téléphone. Le Français âgé de 25 ans a enlevé son enfant et s'est rendu en Turquie d'où il compte passer en Syrie pour combattre aux côtés des djihadistes. "Il veut que je les rejoigne. Il pense que la sécurité de notre famille, en tant que musulmans, passe par le Front al-Nosra [un groupe djihadiste proche d’Al-Qaïda en lutte contre le régime de Bachar al-Assad, ndlr]. Il pense que nulle part ailleurs dans le monde, on est plus en sécurité qu’en Syrie", raconte avec beaucoup d'émotion la jeune maman à FRANCE 24.

Le père de famille fait depuis mardi 24 décembre l’objet d’un mandat d’arrêt international, selon une source judiciaire citée par l’AFP. Son épouse avait lancé un cri d’alarme la semaine dernière devant les médias pour éviter qu’il puisse rejoindre les djihadistes en Syrie avec son enfant.

Même si l’avocat de la jeune femme, Me Gabriel Versini-Bullara, n’a pas encore eu la confirmation du mandat d’arrêt international, il s’est déclaré très satisfait des avancées de la justice : "Je m’en réjouis car cela permet d’aller plus loin dans le processus d’interpellation et d’extradition de cet individu. (…) Maintenant ce qui est essentiel, c’est la diffusion. Emettre un mandat d’arrêt, c’est bien, mais le diffuser c’est mieux".

Le parquet de Bourg-en-Bresse avait ouvert une information judiciaire le 2 décembre pour "soustraction d’enfant par ascendant pendant plus de cinq jours". Installée dans l'Ain et séparée de son mari depuis juillet 2012, Meriam Rhaiem n’a pas vu revenir sa fille le 14 octobre. Comme chaque lundi, la petite Assia avait passé la journée avec son père, qui avait dit l’emmener faire des courses, sans plus de précision.

Depuis cette date, la jeune maman vit un cauchemar. "Je suis toujours terrifiée et angoissée. J’attends le retour de ma fille tout simplement, explique-t-elle en retenant ses larmes. J’aurais aimé l’avoir aujourd’hui et lui donner des cadeaux comme à tous les petits enfants. J’ai tout préparé pour elle."

Une radicalisation très rapide

En l'espace de quelques mois, Meriam Rhaiem a assisté impuissante à la radicalisation de son époux. Après leur mariage en septembre 2011 et un pèlerinage à la Mecque à l’automne de cette même année, le jeune homme a complètement changé. Autrefois musulman modéré, il est alors devenu très pratiquant et a commencé à fréquenter des mouvements religieux. "Il voyait que je ne ressemblais pas aux femmes des hommes qu’il côtoyait. Je n’ai rien contre le voile, mais il a voulu me l’imposer. Il ne voulait pas non plus que je travaille. Il ne voulait pas que la petite aille à l’école. Il était contre la mixité, la musique ou encore les poupées", raconte sa femme.

Après leur séparation en juillet 2012, Meriam Rhaiem vivait avec sa fille, mais son ancien compagnon avait pour habitude de venir prendre souvent Assia pour aller en promenade. Jamais elle n’aurait pensé en arriver à une telle situation. "Avant, c’était quelqu’un de très simple, il aimait les voitures, il écoutait de la musique, il aimait la funk", se souvient-elle.

Confiante dans la justice, la jeune maman espère que son mari va être interpellé avant d’avoir pu mettre son projet à exécution. Au cours de leurs derniers échanges, elle a pu parler quelques fois avec sa fille : "Elle était contente de m’entendre, mais elle se pose des questions. Moi, je m’effondre car je ne peux rien faire".