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"Non à la colonisation française ! Non à la France !". Des centaines de sympathisants de l’ex-rébellion Séléka ont manifesté à Bangui, mardi, pour protester contre l'opération militaire française Sangaris en Centrafrique.

À Bangui, plusieurs centaines de personnes ont manifesté, mardi 24 décembre, pour dénoncer l'opération militaire française Sangaris en cours en Centrafrique.  "Non à la colonisation française ! Non à la France ! Non à l'opération Sangaris", criaient les protestataires, en majorité musulmans, selon un journaliste de l’AFP. De nombreux sympathisants musulmans de l'ex-Séléka accusent Paris de "partialité" dans ses opérations de désarmement des belligérants. 

Les manifestants étaient réunis au quartier PK5, un quartier de Bangui qui est régulièrement le théâtre d'incidents entre chrétiens et musulmans. Des affrontements ont eu lieu lundi dans la soirée dans ce même quartier, mais dans une autre zone, qui était totalement désertée par ses habitants mardi matin.
"Des éléments incontrôlés se sont rendus lundi soir au PK5 pour faire des tirs", a indiqué à l'AFP un officier supérieur de la force africaine (Misca) déployée en RCA aux côtés de l’armée française pour tenter d'y rétablir la sécurité. Les assaillants "se sont enfuis à l'approche des (soldats) Burundais. Pour le moment il est impossible de savoir qui c'était, la population nous dit tantôt que c'était des Séléka (ex-rebelles au pouvoir), tantôt des anti-balaka (milices chrétiennes)", a ajouté l'officier.
Toujours au PK5, deux musulmans ont été lynchés par la foule lundi après-midi et leurs corps mutilés, a constaté l’AFP. Dimanche, deux manifestations anti-françaises avaient déjà eu lieu, l'une d'elle rassemblant plusieurs milliers de personnes après la mort le matin-même de trois combattants Séléka, tués dans un accrochage avec des soldats français.
Échanges de tirs entre Tchadiens et Burundais de la Misca
Par ailleurs, des échanges de tirs sont intervenus lundi après-midi dans la capitale centrafricaine entre soldats tchadiens et burundais de la Misca, selon le chef du contingent burundais au sein de la Misca, cité par l’AFP. Un incident grave qui suscite de nouvelles interrogations sur la capacité de la force africaine à rétablir la sécurité dans la capitale, où les habitants se préparaient mardi à un réveillon de Noël sous couvre-feu.
Le lieutenant-colonel Pontien Hakizimana affirme que les Tchadiens ont lancé une grenade en direction des Burundais alors que ceux-ci venaient d'intercepter six ex-rebelles Séléka dans le nord de Bangui.
L’officier a indiqué que la grenade avait explosé sans faire de dégâts et assuré que le contingent burundais avait "fait preuve de retenue". Toutefois, il a ajouté que des soldats à l'avant-garde avaient tout de même essuyé des coups de feu et répliqué, blessant trois Tchadiens. "Les soldats tchadiens sont repartis avec les six ex-Sélékas, en tirant dans tous les sens", puis ils "sont revenus en force dans l'après-midi et ont attaqué nos positions, mais nous les avons repoussés sans aucun problème", a poursuivi le lieutenant-colonel qui a dit espérer qu'un tel incident ne se reproduirait pas.
Le contingent tchadien au cœur des tensions
Cependant, selon une source militaire interrogée à Bujumbura, "des tensions existaient déjà avec les Tchadiens, qui n'ont pas bien accueilli le fait d'être redéployés à l'intérieur de la Centrafrique et remplacés notamment par des soldats burundais dans la sécurisation de Bangui".
La défiance de la population de Bangui - très majoritairement chrétienne - à l'égard des soldats tchadiens de la Misca, accusés de complicité avec les ex-rebelles Séléka, majoritairement musulmans, est croissante. Le ressentiment a encore été alimenté lundi par un autre incident, quand une patrouille de soldats tchadiens a brièvement ouvert le feu sur quelques milliers de manifestants rassemblés devant l'aéroport, faisant un mort.
Les protestataires exigeaient notamment le départ du pays des soldats tchadiens, aux cris de "Pas de Tchadiens à Bangui". Des soldats français sont intervenus assez rapidement, tirant en l'air pour disperser les derniers manifestants et prenant en charge les victimes. De son côté, N'Djamena a "formellement démenti" l'implication de ses militaires dans l'incident.
En mars déjà, le contingent tchadien avait été accusé d'être resté passif pour permettre aux éléments de la Séléka de renverser le président élu François Bozizé, un chrétien, et d'installer au pouvoir Michel Djotodia, l'un des leurs, de confession musulmane. 
Avec AFP et Reuters