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Des dizaines de milliers de personnes défilent dimanche dans la capitale thaïlandaise pour réclamer la démission du gouvernement, au lendemain de l'appel du principal parti d'opposition au boycott des élections législatives de février.

"Yingluck sors de là!", ne cessent de crier les "chemises jaunes", dimanche 22 décembre, devant la demeure de la Première ministre, Yingluck Shinawatra, protégée par des dizaines de policiers non armés. Les opposants réclament, encore et toujours, la démission du chef du gouvernement, accusé d'être la marionnette de son frère, Thaksin.

Dans les rues de Bangkok, au moins 50 000 manifestants de l’opposition ont défilé en prévision du rassemblement géant prévu pour la fin d'après-midi. Ces meetings ont, ces dernières semaines, attiré jusqu'à 150 000 personnes.
Ils veulent le remplacement du gouvernement par un "Conseil du peuple", pendant 18 mois, avant de nouvelles élections : "Une situation un peu surréaliste", selon le correspondant de FRANCE 24 à Bangkok, Cyril Payen, qui rappelle que le gouvernement actuel a été élu au suffrage universel avec 70 % des scrutins.
" Les 'chemises jaunes', issues des milieux urbains, de l’élite, des milieux proches des universitaires, de l’armée, des ultras monarchistes réfutent le système démocratique et estiment que ça ne marche pas en Thaïlande. Ils demandent la création d’un comité populaire qui serait une sorte de gouvernement non issu du suffrage universel", explique-t-il.
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Des milliers de manifestants à Bangkok, appel au boycott des législatives
L’impasse politique
Yingluck Shinawatra, qui se trouve actuellement dans le nord-est du pays, le fief de son parti, a proposé début décembre un scrutin anticipé pour février 2014, après des semaines de crise politique et la démission en bloc des députés de l'opposition.
Mais le Parti démocrate, principale formation de l'opposition, a annoncé samedi le boycott des élections législatives. "Pour se justifier, le Parti démocrate a dit que les Thaïlandais ont perdu toute foi dans le système démocratique", précise Cyril Payen.
La décision de l'opposition a, sans surprise, provoqué les regrets de la Première ministre. "Si nous ne nous en tenons pas au système démocratique, à quoi doit-on s'en tenir ?", a-t-elle déclaré devant la presse. "Si vous n'acceptez pas ce gouvernement, alors au moins acceptez le système".
Pour l'heure, l'armée, élément essentiel dans cette monarchie constitutionnelle qui a connu 18 coups ou tentatives de coups d'État depuis 1932, refuse de prendre parti. La Thaïlande, dont toutes les institutions sont bloquées, s’enfonce dans une impasse politique et dans une crise qui divise chaque jour un peu plus les pro et anti-Thaksin.

Avec AFP