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Le gouvernement espagnol a adopté vendredi un projet de loi restreignant drastiquement les conditions d’accès à l’avortement. La gauche et les féministes dénoncent un "retour en arrière de 30 ans".

En honorant l’une de ses promesses faites durant la campagne de 2011, le chef du gouvernement conservateur espagnol, Mariano Rajoy, a balayé l'une des réformes phares de l’ex-pouvoir socialiste. Vendredi 20 décembre, un projet de loi limitant fortement le droit à l'avortement a été approuvé par le gouvernement. Selon cette réforme, qui revient au précédent système de 1985, les avortements pourront être pratiqués seulement dans deux cas très précis : lors d’un grave danger pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme, ou lors d’une grossesse résultant d'un délit contre la liberté ou l'intégrité sexuelle de la femme.

Dorénavant, en cas de viol, il faudra que la femme enceinte ait précédemment déposé plainte. Il faudra par ailleurs un rapport de deux médecins différents pour que la malformation d’un fœtus puisse être invoquée comme raison de l'IVG. En ce qui concerne les mineures désirant avorter, le nouveau texte impose que les parents des jeunes filles aient donné leur accord.

Ce texte annule la loi de 2010 qui autorisait l'avortement jusqu'à 14 semaines, et jusqu'à 22 semaines en cas de malformation du fœtus.

"Retour en arrière de 30 ans"

De nouvelles règles aussitôt dénoncées par les associations féministes et de gauche, déjà sur le pied de guerre depuis plusieurs jours. "Nous n'allons pas revenir en arrière de 30 ans, et surtout nous n'allons pas nous résigner, abandonner ou être intimidées", a affirmé la numéro deux du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Elena Valenciano. Pour elle, Mariano Rajoy a finalement cédé "à l'aile dure de son parti et à la Conférence épiscopale". L'archevêque de Madrid, Antonio María Rouco Varela, avait en effet appelé à une réforme urgente de la loi de 2010, laquelle, selon lui, "favorisait un nombre effrayant d'avortements".

Toutefois, l’association Médecins du Monde pointe que de telles mesures ne dissuaderont en rien les Espagnoles. "Les lois restrictives ne réduisent en aucun cas le nombre d'avortements. Elles aboutissent à ce que les femmes qui ont le moins de moyens financiers interrompent leur grossesse dans des conditions peu sûres et qui peuvent mettre leur vie en danger".

À la veille de l'adoption du projet, le président de la Fédération du planning familial, Luis Enrique Sanchez, avait affirmé que la future loi pourrait signifier "un retour en arrière à la situation des années 1980, avec des femmes espagnoles qui vont en France ou en Angleterre" pour avorter lorsqu'elles en ont les moyens. Pour les autres, "elles iront dans des lieux clandestins", affirme pour sa part un gynécologue.

Un total de 118 359 IVG ont été enregistrées en Espagne en 2011.

Avec AFP