Avec ses rues, ses parcs et même ses plages non-fumeurs, New York faisait déjà figure de ville particulièrement stricte en matière de tabagisme. Le 19 décembre, le maire Bloomberg a étendu ces restrictions à la cigarette électronique.
Il s’agit probablement de la dernière mesure de Michael Bloomberg. Le maire de New York, qui laissera au 1er janvier 2014 son siège au démocrate Bill de Blasio, a décidé, jeudi 19 novembre, d’inclure la cigarette électronique à sa loi anti-tabac, le “Smokefree Air Act”. En d’autres termes, il est désormais interdit de vapoter dans les lieux publics, les restaurants ou encore les immeubles de bureaux de la Big Apple.
D’après les défenseurs du texte qui a été largement adopté par 43 voix contre 8, la e-cigarette présente un vrai risque de santé publique notamment car elle rend “à nouveau normal le fait de fumer dans les lieux publics”. Pour le conseiller municipal James Gennaro, l’un des plus fervents supporters de cette nouvelle législation, la “prolifération” des vapoteurs dans les bars, les restaurants et même les bibliothèques est “inacceptable” et devient parfois une source de conflit entre clients ou employés. “La e-cigarette envoie le message que fumer dans les lieux publics est socialement acceptable. Les enfants ne font pas la différence entre les cigarettes électroniques et les traditionnelles”, assure-t-il.
En face, les détracteurs du texte fulminent. Ex-chirurgien et actuel membre du conseil d’administration de Njoy, l’un des principaux fabricants de cigarette électronique, Richard Carmona demande l’annulation pure et simple de la mesure. “Je suis très inquiet de voir que des efforts bien intentionnés mais non fondés scientifiquement nous conduisent en fait à un pas de géant en arrière dans la lutte contre le tabagisme”, écrit-il dans une lettre diffusée par Reuters. Il considère que ce genre de législation ne peut que décourager les fumeurs utilisant la cigarette électronique comme méthode pour arrêter de fumer.
L’obsession de Bloomberg
Depuis son accession à la mairie de New York en 2002, Michael Bloomberg a fait de la santé publique l’une de ses priorités. Il est notamment à l’origine de l’interdiction de la cigarette dans les parcs publics, les plages et pousse également à l’adoption d’une loi obligeant les chaînes de restauration rapide à indiquer la teneur en calorie de leurs plats. Il a également milité farouchement pour interdire les boissons sucrées XXL dans les fast-foods de la ville. Et fin novembre, New York est devenue la première grande ville des États-Unis à relever à 21 ans l'âge minimum pour acheter du tabac.
L’interdiction de la “e-cig” apparaît donc comme la suite logique de l’arsenal législatif encadrant les questions de santé publique que Bloomberg a souhaité pour les New-Yorkais. Dans l’Utah, le Dakota du Nord et dans le New Jersey, voisin de New York, cette législation s’applique déjà.
Bientôt au tour de la France
La France, pour sa part, pourrait bientôt être également concernée par une mesure d’interdiction dans les lieux publics. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, réfléchit actuellement à étendre la loi Evin à l’usage de la cigarette électronique.
À Saint-Lô, dans la Manche, le maire François Digard a déjà pris un arrêté municipal en ce sens, le 3 novembre, prohibant la cigarette électronique dans les bâtiment municipaux. Les cafés et autres lieux privés restent “à l’appréciation de chacun”, selon l’élu qui explique avoir pris cette décision après avoir reçu plusieurs plaintes de non-fumeurs, incommodés par des vapoteurs à la bibliothèque municipale. Pour lui, il ne s’agit en aucun cas d’une mesure “répressive pour faire la chasse aux fumeurs”. Et de conclure : “le but, c'est que ça se fasse dans la courtoisie et avec pédagogie.” Reste à convaincre les quelque deux millions de vapoteurs français.