
Alors que Bachar al-Assad a déclaré être prêt à se présenter à sa propre succession, Damas enfonce le clou en déclarant que le président syrien avait une meilleure popularité que François Hollande et donc plus de chances d’être réélu.
Bientôt trois ans de conflit, 126 000 morts, 2,3 millions de réfugiés, des armes chimiques… Malgré l’horreur de l’interminable guerre en Syrie entre le régime et une opposition en ordre dispersé, Bachar al-Assad ne semble pas enclin à remettre sa politique en question. Le président syrien s’accroche même au pouvoir à en juger par ses récentes déclations à la chaîne libanaise Al-Mayadeen. “Je ne vois pas pourquoi je ne me présenterais pas à la prochaine élection", a-t-il lancé, alors que son maintien au pouvoir est un obstacle à la tenue de négociations de paix.
Une sortie que les Occidentaux voient évidemment d’un mauvais oeil. Même Moscou, allié indefectible du régime, a émis une réserve. “De tels propos ne font que faire monter la tension et ne calment guère la situation”, a déclaré jeudi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, dans une interview à l’agence Interfax.
Qu’à cela ne tienne, Damas défend son président. "Je demande à l'opposition : pourquoi un citoyen n'a pas le droit d'être candidat. Qui peut l'en empêcher ? Tout citoyen syrien a le droit de l'être", a déclaré jeudi 19 décembre à l'AFP le vice ministre des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad. Ce dernier a même osé une comparaison avec la popularité en berne du chef d’État français : "Nous voulons qu'à la fin (des discussions), les urnes décident qui dirigera le pays, et le président Assad jouit d'une très grande majorité, contrairement au président François Hollande qui n'a que 15 % d'opinions favorables dans son pays", a-t-il souligné.
À Genève II, le régime et l’opposition ne s’adresseront pas la parole
Espérant que Bachar al-Assad sera candidat à sa propre succession, Fayçal Moqdad a ajouté que "personne n'a la droit d'interférer et de dire s'il doit être candidat ou pas. C'est une décision qui doit être prise par le président lui-même avec le soutien du peuple syrien."
À un mois de la conférence de paix qui doit s'ouvrir le 22 janvier à Montreux en Suisse, la Syrie semble encore dans une impasse. D’un côté, l'opposition souhaite que les négociations de paix aient comme objectif le départ de Bachar al-Assad, de l’autre, le régime offre une fin de non-recevoir et maintient le cap. Fayçal Moqdad a, d’ailleurs, affirmé que la délégation représentant Damas lors de ces négociations, composée de neuf membres et cinq conseillers, avait été formée. "Nous sommes prêts à tous points de vue et nous annoncerons les noms des membres très vite", a-t-il dit.
Le régime attend désormais de connaître la composition de la délégation de l’opposition qui doit être formée avec l’aide de Washington. Fayçal Moqdad a refusé d'indiquer s'il allait serrer la main des membres de l'opposition et précisé d'ailleurs que les deux délégations ne s'adresseront pas directement la parole.
Les États-Unis et la Russie auront, pour leur part, le statut d'"initiateurs". "Ils siègeront dans deux pièces près de la salle de discussions. Leur rôle consistera à donner un conseil ou à tenter de régler un problème si une délégation veut leur faire part de difficultés", a-t-il détaillé.
Avec AFP