Facebook a l'intention de se doter de la plus importante équipe de recherche au monde dans le domaine de l'intelligence artificielle. À la tête de ce vaste laboratoire, un Français, spécialiste dans ce domaine, a été recruté.
Facebook, le plus grand réseau d’"amis", nous veut décidément du bien. La société américaine a décidé de se doter de la plus importante équipe de recherche au monde dans le domaine de l'intelligence artificielle, une discipline qui consiste à simuler le fonctionnement du cerveau humain pour y analyser des données.
Pour diriger ce vaste laboratoire de recherche, Facebook a recruté un spécialiste en la matière, et il est Français. Yann LeCun, qui prendra en janvier la tête d’une équipe répartie entre New York, Londres et Menlo Park, le siège du groupe en Californie, est à 53 ans considéré comme un pionnier dans la reconnaissance d'images, une branche de l’intelligence artificielle.
Officiellement, il s’agit "générer de nouvelles idées sur le monde et répondre aux questions que les gens se posent", selon les propos de Mark Zuckerberg, le patron de Facebook. Officieusement, il s’agit davantage pour la société californienne d’exploiter au mieux les milliards de données produites chaque jour par le site Internet, afin d’accroître ses revenus par la publicité, sans faire fuir ses utilisateurs.
Un Français à la tête de l’ambitieux programme de recherche
Actuellement professeur à l’université de New York, Yann LeCun s’est notamment illustré en créant un algorithme, qui reproduit en partie le cortex visuel d'animaux et d'êtres humains.
"L'un des penseurs les plus respectés dans son secteur, il a mené des recherches révolutionnaires en ‘deep learning’", s’est félicité Mike Schroepfer, directeur technologique de Facebook. Le deep learning, ou "apprentissage en profondeur", est une technique qui simule le fonctionnement neuronal du cerveau humain pour traiter des données.
Dans les années 1980 et 1990, les travaux de Yann LeCun avaient contribué à créer un système de lecture des chèques pour AT&T, le plus grand fournisseur de services téléphoniques américain. Un système largement repris depuis. Plus récemment, Yann LeCun a travaillé sur une application pour des robots de navigation autonome, des voitures sans conducteur et des petits robots volants.
Les milliards de photos et de vidéos analysées
Les géants Google, Apple et IBM ont tous tous investi à des degrés divers dans la discipline. Le moteur de recherche américain Google a d’ailleurs récemment acquis DNNresearch, une start-up connue pour ses travaux en la matière. "C'est une technologie d'avenir et Facebook veut avoir accès à sa propre technologie", précise Greg Sterling, analyste chez Opus Research.
Facebook compte aller plus loin. La société qui utilisait jusqu’à présent des algorithmes à partir de données textuelles, comme le fait actuellement Google, pourrait l'appliquer aux photos, vidéos et données multimédias. "À l'avenir, on pourrait voir plus de possibilités apparaître, comme [...] chercher des photos de sujets qui nous intéressent", résume James Hendler, un spécialiste du Rensselaer Institute.
En signant chez le géant américain des réseaux sociaux, Yann LeCun entend, lui, "réaliser des avancées majeures dans le domaine de l'intelligence artificielle", a-t-il déclaré sur sa page Facebook. "C'est très ambitieux", a-t-il conclu.
Des usagers demandeurs d’innovation
En attendant, une application plus concrète et immédiate consiste à affiner la pertinence des annonces publicitaires afin de générer d’avantage de revenus. "Cela peut passer par un classement des publications dans un certain ordre, ou en décidant quelles publicités vont être affichées pour être plus pertinent", explique-t-on chez Facebook.
Facebook a d'ores et déjà signalé ces dernières semaines qu'il changerait sa manière d'alimenter le fil d'actualité des utilisateurs. Des nouveautés qui s’inscrivent dans la politique d’innovation. Reste à savoir si les adeptes du réseau social accepteront de lui révéler toujours plus d’informations. "S’il y a de la méfiance de la part de certains, les gens sont globalement demandeurs de plus de facilités et d’innovations", assure le professeur Tristan Cazenave, professeur d’intelligence artificielle à l’université Paris Dauphine.