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Retour au calme dans la capitale, le passeport de Thaksin annulé

Les autorités thaïlandaises souhaitent entraver les déplacements de l'ex-Premier ministre en exil, Thaksin Shinawatra, contre lequel elles ont émis un mandat d'arrêt. Elles promettent l'impunité aux militants de base des "chemises rouges".

AFP - La vie reprenait son cours normal mercredi à Bangkok, où l'état d'urgence restait en vigueur après les graves violences des derniers jours, alors que les Thaïlandais mesuraient les conséquences pour l'économie et l'image de leur pays d'une crise politique qui reste exacerbée.

Empêchés lundi et mardi de fêter Songkran, le nouvel an thaïlandais, à cause des combats de rue, les habitants de Bangkok se sont rattrapés mercredi.

Une atmosphère de fête régnait dans plusieurs quartiers où des centaines de personnes s'aspergeaient joyeusement à l'aide de pistolets à eau, comme il est de tradition pendant Songkran, selon un journaliste de l'AFP.



"La situation est sous contrôle", a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement, Panitan Wattanayagorn.

L'état d'urgence, décrété dimanche à Bangkok et ses environs par le Premier ministre Abhisit Vejjajiva, a été toutefois été maintenu. L'armée et la police procédaient à des contrôles dans les rues.

L'armée thaïlandaise a rétabli l'ordre dans la capitale mardi matin, après deux jours de violences qui ont fait deux morts et 123 blessés.

La police a promis l'impunité aux militants de base du mouvement des "chemises rouges" --surnom des partisans de l'ex Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra-- à l'origine des désordres.

En revanche, des mandats d'arrêt ont été émis contre M. Thaksin et 12 de ses lieutenants, accusés d'avoir attisé les violences.


Trois leaders des "chemises rouges" ont déjà été inculpés. La police a indiqué qu'elle recherchait les dix autres opposants visés par les mandats d'arrêt, dont M. Thaksin, réfugié dans un pays inconnu.


Les autorités thaïlandaises ont annulé mercredi le passeport de l'ex-Premier ministre, dans l'espoir d'entraver ses déplace ments, a indiqué M. Panitan.

M. Abhisit est confronté depuis le 26 mars à la révolte des militants pro-Thaksin, qui exigent sa démission et des élections anticipées. La crise s'est aggravée le weekend dernier quand des manifestants ont forcé l'annulation d'un sommet asiatique à Pattaya.

M. Abhisit, qui a maîtrisé les manifestants grâce au soutien de l'armée --il est apparu à trois reprises à la télévision flanqué des principaux chefs militaires du pays-- sort provisoirement renforcé de cette crise, estime l'analyste politique Thitinan Pongsudhirak, de l'Université Chulalongkorn.

Le Premier ministre a promis d'oeuvrer à "la réconciliation nationale fondée sur la justice". Mais selon M. Thinitan, "cela dépendra de la façon dont Abhisit tirera les leçons" des derniers événements.

"S'il tient sa victoire pour acquise, alors il s'expose à des problèmes à l'avenir", a averti l'analyste, selon qui les revendications des "rouges" pour plus de justice sociale restent "sincères et très répandues".

Les milieux d'affaires thaïlandais s'inquiètent des conséquences des désordres pour l'économie, déjà durement frappée par la crise mondiale.

"Le gouvernement doit travailler dur pour rétablir rapidement la stabilité politique en Thaïlande. Les trois prochains mois seront cruciaux", a averti un responsable de la Chambre de commerce de Thaïlande, Thanavath Phonvichai.



M. Thanavath calcule que les dernières violences coûteront 2,8 milliards au secteur touristique thaïlandais, qui se remet déjà difficilement de la fermeture pendant neuf jours, l'an dernier, des aéroports de Bangkok occupés par des manifestants anti-Thaksin.

Les investisseurs attendent le verdict de la Bourse de Bangkok, qui rouvrira jeudi. "Le sentiment général sera plutôt négatif sur le marché", a prédit Jun Trinidad, économiste régional chez Citibank. "Je ne crois pas que le conflit ait pris fin avec l'intervention du Premier ministre et de l'armée. Un jour, le problème devra être réglé une fois pour toutes", a-t-il espéré.