logo

Un frère du chef de l'État arrêté pour tentative de putsch

Après avoir été attaqué à son domicile dimanche, Kaptcha Gnassingbé (photo) a été interpellé, mercredi matin. Accusé de complot, le frère du chef de l'État est l’un des hommes forts de la famille présidentielle et du parti au pouvoir.

Des hommes en armes ont interpellé Kpatcha, l'un des frères du président Faure Gnassingbé, mercredi matin devant l’ambassade américaine de Lomé. Il serait depuis entendu sur des faits d’ "atteinte à la sûreté de l’Etat". Sur le site internet du gouvernement togolais, un article publié au même moment relatait l’interpellation dans ces termes : "Kpatcha Gnassingbé a été arrêté mercredi matin à Lomé à sa sortie de l’ambassade des Etats-Unis où il avait demandé refuge (…) il s’est avéré que le député (…) était l’un des principaux organisateurs d’un (…) coup d’Etat destiné à écarter les autorités légales du Togo et à prendre le pouvoir."

Ce nouvel épisode politico-militaire de la famille Gnassingbé commence dimanche soir. Vers 22h, des éléments des forces spéciales investissent violemment la résidence de Kpatcha Gnassingbé. Un échange de coups de feu s’ensuit, Kpatcha s’en sort indemne, mais on apprendra, mardi, que deux militaires auraient été tués et trois autres blessés lors de cette attaque.

Que cherchaient ces soldats, emmenés par un puissant colonel proche de la présidence ? A éliminer Kpatcha Gnassingbé, membre influent de la famille présidentielle et ancien ministre de la Défense du Togo de 2005 à 2007 ? A interpeller les responsables d’un "complot", comme le dira le procureur de la République ? Ou simplement à effrayer Kpatcha, dont les relations avec le président Faure sont au plus mal, dans ce nouvel épisode d’un conflit fratricide entre le président togolais et son frère ?

Frères ennemis

Car selon les proches de la famille Gnassingbé, Faure, 42 ans, et Kpatcha, 39 ans, n’ont de commun que le nom. Et leurs relations houleuses ne datent pas d’hier.

Autant le président Faure est discret, gestionnaire pointilleux, formé en France, considéré comme le gardien du patrimoine familial ; autant son frère est dit impulsif, brutal, intéressé par les affaires juteuses et apprécié des milieux militaires.

Depuis l’élection de Faure à la présidence togolaise, en avril 2005 – un scrutin entaché par des accusations de fraudes et de violences –, les rumeurs d’un coup d’Etat fomenté par Kpatcha et sa garde rapprochée se multiplient à Lomé. A l’automne 2007, le ministre de la Défense s’en était défendu devant Blaise Compaoré, président burkinabè et médiateur dans ce conflit familial.

Il faut dire que Kpatcha a du pouvoir et de l’ambition. Elu en 2007 député de Kara, ancien fief du président Eyadéma, le frère du président est devenu l’un des poids-lourds du Rassemblement du peuple togolais (RPT), le parti au pouvoir. Et le prochain scrutin présidentiel au Togo est prévu pour 2010.

Le président Faure garde le silence

Les soupçons de coup d’Etat visant Kpatcha ont ressurgi à l’occasion des événements de dimanche soir.

Le procureur de la République, Robert Bakaï, a alors expliqué sur les ondes de Radio France internationale (RFI) que cette attaque n’était qu’une tentative d’interpellation d’éléments séditieux, soupçonnés de "tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat".

Des accusations niées par Kpatcha Gnassingbé, mardi, qui s’est déclaré à la disposition de la justice et a mis en avant de vieux différends familiaux. "Ce qui nous oppose (Faure et moi), c’est les autres, ceux qui ont tout fait pour entrer dans notre famille." Cinq officiers proches de Kpatcha sont interrogés sur un éventuel complot.

Enfin, mercredi matin, le frère du président a finalement été interpellé devant l’ambassade américaine de Lomé, selon plusieurs sources diplomatiques.

Les autorités togolaises sont restées muettes au sujet de cette arrestation, mais on sait que le président Faure a reporté un déplacement en Chine qu’il devait effectuer cette semaine.

Tags: Coup d'État, Togo,