Éclipsés les Candy Crush, FarmVille et autre Mafia Wars, Facebook a décerné, cette année, son prix du meilleur jeu à Criminal Case. Cocorico : c'est un jeu produit par un studio français baptisé Pretty Simple.
Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif et champion du made in France, doit être content : Facebook a décerné, lundi 9 décembre, son prix du meilleur jeu à Criminal Case, produit par Pretty Simple, un studio parisien de 50 personnes. Il devance des poids lourds du secteur comme "Candy Crush".
C’est “la start-up française qui connaît la plus forte croissance de l'histoire du Web en France”, s’enflamme Julien Codorniou, directeur Europe de Facebook, dans un communiqué. Une affirmation qui fait sourire Corentin Raux, co-fondateur de ce jeu vidéo français disponible en neuf langues : “c’est sûr que lorsqu’on passe de zéro à plus de 10 millions d’euros de bénéfices d’exploitation, on affiche une croissance impressionnante, maintenant, il va falloir voir comment les choses vont évoluer”.
Le prix décerné par Facebook devrait doper encore un peu plus la popularité de Criminal Case qui affiche, pourtant, déjà d’impressionnantes performances. Cent millions d’utilisateurs de Facebook ont testé, les douze derniers mois, leurs compétences de fins limiers virtuels. Au quotidien, ce sont près de 6 millions de joueurs - essentiellement hors de France - qui cherchent à trouver le meurtrier de la semaine.
Cette popularité, Pretty Simple l’explique essentiellement par l’originalité de Criminal Case. “L’enquête policière est un sujet qui n’avait pas encore été abordé dans les jeux sur Facebook alors que c’est un thème qui parle à beaucoup de monde, on touche donc un large public”, explique Corentin Raux.
100 embauches d'ici 2015
Comme la plupart des jeux sur Facebook, Criminal Case a l’apparence du jeu gratuit, mais ne l’est pas tout à fait. Les utilisateurs peuvent acheter des bonus - comme des autopsies plus rapides - pour leur simplifier l’enquête. Ce modèle de micro-transactions a déjà fait la fortune de grands noms du secteur comme Zynga (FarmVille, Mafia Story etc.). Pretty Simple est ainsi rentable depuis 2011, soit un an après sa création.
Une sacrée performance pour une start-up française. À l’heure où les entrepreneurs hexagonaux de tous poils - regroupés au sein de collectifs comme les Pigeons (ou Geonpi), Poussins ou Tondus - dénoncent les lourdeurs fiscales et plus généralement un modèle économique français à la traîne, Corentin Raux ne voit, lui, pas de problème particulier à réussir en France. “Si on veut vraiment entreprendre, on peut parfaitement réussir à le faire en France”, assure-t-il.
Mieux. Pour lui, le modèle français a même de sérieux avantages sur ses concurrents anglo-saxons. “Avec Bastien Cazenave [l’autre co-fondateur de Pretty Simple, ndlr] nous avons pu nous mettre au chômage plusieurs mois afin de monter notre société, cela aurait été difficile dans des pays comme les États-Unis”, assure cet entrepreneur pour qui c’est la contrepartie des lourdeurs administratives hexagonales.
Le jackpot de leur premier jeu permettra à Pretty Simple d’embaucher cent nouveaux salariés d’ici 2015 afin de développer deux nouveaux titres et de faire des versions pour smartphones et tablettes de Criminal Case.