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Ukraine : les manifestants tiennent bon, la police contrainte de se retirer

Les forces anti-émeutes de la police ukrainienne ont tenté de reprendre mercredi matin la mairie de Kiev, sans succès. Depuis plus d'une semaine des centaines de manifestants pro-européens y ont établi leur quartier général.

Les centaines de policiers anti-émeutes ukrainiens qui avaient lancé un assaut dans la nuit de mardi à mercredi contre les manifestants pro-européens dans le centre de Kiev se sont retirés mercredi en milieu de matinée.

Vers 10 h, heure locale, le ministre ukrainien de l'Intérieur a appelé au calme et déclaré qu'il n'y aurait pas d'envahissement de la place de l'Indépendance par les forces de l'ordre. Peu avant, des affrontements entre la police et des manifestants avaient eu lieu devant la mairie, toujours occupée par les anti-Ianoukovitch.

L'Ukraine peut signer avec l'UE si elle reçoit 20 milliards d'euros d'aide

L'Ukraine a besoin de 20 milliards d'euros d'aide européenne pour signer un accord d'association avec l'UE, a assuré mercredi le Premier ministre ukrainien. "Nous proposons de régler la question d'une aide financière à l'Ukraine. Nous avons défini son montant approximatif : 20 milliards d'euros", a déclaré Mykola Azarov lors du Conseil des ministres.

L'Ukraine, en grande difficulté économique et financière, a renoncé le mois dernier à signer un accord d'association avec l'Union européenne prévoyant la mise en place d'une zone de libre-échange, invoquant les pertes économiques qu'une crise avec Moscou ferait subir au pays.

En fin de matinée, les manifestants pouvaient cependant se déplacer librement dans le centre de la capitale.

Opération policière nocturne

Au milieu de la nuit, au moins 10 000 personnes avaient afflué sur la place de l’Indépendance malgré l'arrivée massive des forces de l'ordre. Réunis par centaines aux extrémités de la place de l'Indépendance, les policiers casqués avaient commencé à repousser les manifestants à l'aide de leurs boucliers peu avant 2 h locales (00h00 GMT).

Affirmant s'appuyer sur une décision de justice, ils ont franchi les barricades placées en plusieurs extrémités de la place, alors que la foule chantait l'hymne ukrainien et des prières. Les policiers ont également démonté plusieurs tentes qui avaient été montées.
L'assaut, qui s'est déroulé en grande partie dans le calme, a cependant fait plusieurs blessés, dont un député d'opposition, et entraîné onze arrestations, a indiqué à la presse le leader du parti nationaliste Svoboda, Oleg Tiagnibok. La police a confirmé avoir interpellé plusieurs manifestants qui lui opposaient résistance et indiqué que dix de ses représentants avaient été blessés.

"Nous ne pardonnerons pas"

L'opposition a prédit "des millions" de manifestants mercredi contre le président ukrainien Viktor Ianoukovitch, tandis que les États-Unis ont fait part de leur "dégoût" et l'Union européenne de sa "tristesse" quant à la réaction des contestation née du refus du président ukrainien de signer, fin novembre, un accord d'association avec l'Union européenne (UE) et opté pour un rapprochement avec Moscou.

"Nous ne lui pardonnerons pas. Demain il y aura un million de personnes ici et le régime tombera", a lancé Arseni Iatseniouk, du parti de l'ex-ministre emprisonnée, Ioulia Timochenko. Il a estimé que le président ukrainien avait "craché à la figure de l'Amérique, des 28 pays de l'Union européenne et de 46 millions d'Ukrainiens".

Loin d'être découragés, des milliers de manifestants ont ensuite afflué, faisant bloc pour protéger la place. "Habitants de Kiev, levez-vous, venez !", a déclaré de son côté une autre figure de la contestation, le boxeur Vitali Klitschko.

"Absolument inadmissible"

De leurs côtés, Américains et Européens ont vivement dénoncé l'opération de police. "Je condamne l'usage de la force et la violence - qui ne peuvent pas être la réponse aux manifestations pacifiques - et j'appelle à la plus grande retenue", a déclaré dans un communiqué Catherine Ashton, qui s'est entretenue mardi avec le président Ianoukovitch. Elle s'est dite "très impressionnée par la nature pacifique et courageuse des manifestations en cours en soutien aux aspirations européennes" de l'Ukraine. 

La France pour sa part a souligné qu'elle "récusait tout usage de la force", par la voix du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. 

La représentante américaine, Victoria Nuland, qui a rencontré Ianoukovitch dans la journée de mercredi et s’est rendue sur la place de l’Indépendance, a indiqué lui avoir "dit clairement que ce qui s'était passé était absolument inadmissible dans un État démocratique".

Avec AFP et Reuters 

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