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Hollande à Bangui : "Notre mission est nécessaire si on veut éviter un carnage"

Après avoir rendu hommage à Bangui aux deux soldats français tués, François Hollande a affirmé que l'opération de désarmement se poursuivrait. À Paris, Jean-Marc Ayrault a assuré devant le Parlement que la mission avait vocation à être rapide.

François Hollande s'est rendu mardi 10 décembre au soir à Bangui pour rencontrer les troupes françaises engagées dans une mission de désarmement des groupes armés en Centrafrique. "Il était temps d'agir" en Centrafrique, a déclaré le président français à son arrivée.

Cette visite de quelques heures survient alors que l'armée française a subi ses premières pertes. Deux soldats français sont morts dans la nuit de lundi à mardi lors d'un accrochage dans la partie nord de la capitale centrafricaine. Dès son arrivée, François Hollande s'est recueilli devant les cercueils des deux militaires du 8e régiment de parachutistes d'infanterie de marine de Castres.

La mission se poursuit

Le président français a souligné que la mission restait "la même" malgré ces morts. "Elle est dangereuse, on le sait, on le savait mais elle est nécessaire si on veut éviter qu'il se produise ici un carnage", a-t-il déclaré en marge de l'hommage qu'il a rendu à Antoine Le Quinio, âgé de 22 ans, et Nicolas Vokaer, 23 ans.

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Vidéo : reportage aux côtés des soldats français en Centrafrique

Ces deux soldats ont essuyé des tirs lundi peu avant minuit alors qu'ils effectuaient une patrouille avec leur section près de l'aéroport de la capitale centrafricaine. Ils sont tous deux morts des suites de leurs blessures.

Depuis lundi, l'armée française effectue de délicates opérations de désarmement des milices et groupes armés qui sévissent à Bangui, où la situation reste très instable, avec des pillages et des tentatives de représailles contre les civils musulmans.

"Notre intervention sera rapide", affirme Ayrault

En France, le Parlement s'est réuni pour discuter de l'opération Sangaris, pour un débat qui ne fera pas l'objet d'un vote. "Notre intervention sera rapide, elle n'a pas vocation à durer", a assuré à cette occasion le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, jugeant que la France n'agissait pas en "gendarme de l'Afrique" mais "répond à l'appel de ses partenaires africains et fait face à l'urgence absolue de prévenir une spirale de massacres".

Sangaris avait en effet d'abord été présentée comme une intervention relativement rapide et à vocation essentiellement "humanitaire". Elle vise aujourd'hui, selon Paris, à désarmer tous les groupes armés, à ramener la stabilité dans un pays en totale décomposition et à organiser des élections libres "avant 2015" en remplacement du régime actuel.

"Une dynamique infernale de représailles"

Une mission qui selon les experts risque bien d'être plus longue que prévu. "Nous sommes dans une dynamique infernale de représailles", avec le spectre d'un "match retour" des milices d'auto-défense villageoises, chrétiennes, et de nouvelles tueries de la Séléka dans leur retraite vers leurs bastions du nord, s'alarme ainsi une source humanitaire.

Si le désarmement de la Séléka semble déjà bien entamé, l'urgence pour les militaires français sera désormais de contenir la vengeance des populations de la capitale, en très grande majorité chrétiennes, contre les ex-Séléka et la minorité civile musulmane qui y est associée.

Il faudra en outre s'attendre à une éventuelle réaction violente des hommes de la Séléka, qui, frustrés d'avoir été désarmés et cantonnés dans leurs bases, seront de leur côté furieux d'avoir été privés par les Français de tout moyen de se défendre face à la vindicte populaire.

Avec AFP