Deux journalistes espagnols ont été kidnappés le 16 septembre par des combattants du groupe djihadiste de l'État islamique d'Irak et du Levant non loin de la Turquie alors qu'ils tentaient de quitter la Syrie, a révélé mardi le journal "El Mundo".
Deux journalistes espagnols ont été enlevés le 16 septembre par des combattants du groupe djihadiste de l'État islamique d'Irak et du Levant (ISIS), lié à Al-Qaïda, à Raqqa, dans un secteur de l'est de la Syrie tenu par la rébellion.
Il s'agit du reporter Javier Espinosa, qui est le correspondant du journal "El Mundo" à Beyrouth, et du photographe indépendant Ricardo Garcia Vilanova qui a collaboré avec de nombreux médias internationaux dont le "New York Times", "Le Monde" et l'AFP. Très expérimentés, les deux journalistes couvraient la crise syrienne depuis ses débuts en mars 2011 et s’étaient rendus une douzaine de fois dans le pays.
Enlevés à quelques kilomètres de la frontières turque
C’est le quotidien espagnol qui a dévoilé l’information mardi 10 décembre, tout en expliquant que leur rapt n'a pas été rendu public plus tôt en raison des négociations avec les rebelles qui détiennent les deux hommes. Toutefois, "les contacts indirects avec les ravisseurs, (…), n'ont pas fait la lumière sur ce qu'ils prétendaient obtenir en échange de la vie des Espagnols", explique le journal.
Au moment de leur enlèvement, ils se trouvaient à quelques kilomètres seulement de la frontière avec la Turquie et tentaient de quitter la Syrie après deux semaines de reportage sur "les conséquences de la guerre sur les civils" dans la région de Deir Ezzor, dans l'est du pays.
Ils ont été capturés en compagnie de quatre combattants de l'Armée syrienne libre qui, "en théorie, auraient dû leur fournir une protection". "Les Syriens ont finalement été libérés douze jours plus tard, mais cela n'a pas été le cas des Espagnols", ajoute "El Mundo".
Les deux hommes voulaient raconter "au monde la souffrance des Syriens", "nous croyons que le peuple syrien a besoin de notre travail", a indiqué, mardi lors d'une conférence de presse à Beyrouth, l’épouse de Javier Espinosa, Monica Prieto.
Cette dernière, elle-même journaliste plusieurs fois récompensée, a lancé un appel vibrant à leurs ravisseurs et à tous les groupes armés, les appelant à "honorer la révolution (qu'ils) protégeaient et à les libérer".
Dix-huit personnes liées aux médias portés disparus en Syrie
Javier Espinosa, dont le dernier
tweet est daté du 15 septembre, avait survécu, le 22 février 2012, au bombardement dans lequel avaient été tués la journaliste américaine Marie Colvin et le photographe français Rémi Ochlik dans la ville syrienne de Homs. Il avait réussi à quitter la Syrie une semaine plus tard et avait
regagné le Liban, caché dans un convoi de réfugiés.
De son côté, Ricardo Garcia Vilanova avait été enlevé une première fois durant un de ses reportages en Syrie par des hommes de l'ISIS, puis libéré après plusieurs interrogatoires.
Selon le Comité de protection des journalistes (CPJ), il y a actuellement au moins 18 journalistes ou employés de médias portés disparus en Syrie. Quatre journalistes français, Edouard Elias, Didier François, Nicolas Hénin et Pierre Torrès, sont toujours officiellement retenus en otages après leur enlèvement dans le pays.
Avec dépêches AFP et Reuters