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À Bangui, Hollande rend hommage aux deux soldats français tués

Venu d'Afrique du Sud où il assistait à la cérémonie en hommage à Mandela, le président s'est rendu mardi soir à Bangui, où il s'est recueilli devant les cercueils des deux soldats français tués. "Il était temps d'agir" en Centrafrique, a-t-il dit.

François Hollande est arrivé mardi 10 décembre au soir à Bangui pour rencontrer les troupes françaises engagées depuis lundi dans une mission de désarmement des groupes armés en Centrafrique. Lors de cette visite qui ne devrait durer que quelques heures, le président français doit également rencontrer le président par intérim de Centrafrique Michel Djotodia. "Il était temps d'agir" en Centrafrique, a déclaré François Hollande à son arrivée.

Sa visite survient alors que l'armée française a subi ses premières pertes. Deux

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"La mission se poursuit", affirme François Hollande à Bangui après la mort des deux soldats français.

soldats français sont morts dans la nuit de lundi à mardi lors d'un accrochage dans la partie nord de la capitale centrafricaine. François Hollande s'est recueilli devant les cercueils des deux militaires du 8e régiment de parachutistes d'infanterie de marine de Castres. Le président français a souligné que la mission restait "la même" malgré ces morts. "Elle est dangereuse, on le sait, on le savait mais elle est nécessaire si on veut éviter qu'il se produise ici un carnage", a-t-il déclaré en marge de l'hommage qu'il a rendu à Antoine Le Quinio, âgé de 22 ans, et Nicolas Vokaer, 23 ans.

Ces deux soldats ont essuyé des tirs lundi peu avant minuit alors qu'ils effectuaient une patrouille avec leur
section près de l'aéroport de la capitale centrafricaine. Ils sont tous deux morts des suites de leurs blessures.

Les soldats français "plus rares dans les rues"

"Les chefs militaires français s'attendaient à ce genre d'incident. Mais la mission continue, même si les Français se faisaient plus rares ce matin dans les rues de Bangui. Seuls les pick-up de la Somac [la force de l'Afrique centrale] se sont montrés", explique Matthieu Mabin, l'envoyé spécial de FRANCE 24 en Centrafrique.

Depuis leur arrivée dans la capitale centrafricaine, encore traumatisée par les récents massacres ayant fait plus de 450 morts, les soldats français sillonnent les rues de la ville à la recherche d'armes illégalement détenues par des milices. "L'opération est extrêmement compliquée car la situation politique à Bangui reste très tendue", rapporte Matthieu Mabin.

Les autorités de transition, pourtant, s'efforcent de rappeler à la population la nécessité de coopérer avec les forces militaires en présence. "Lorsque le président Michel Djotodia s'exprime, il rappelle qu'il est en accord avec les décisions qui ont été prises par la communauté internationale et qu'il s'y pliera. Comme le fait de demander à ses troupes [les anciens rebelles de la Séléka] de rejoindre les casernes et de rendre leurs armes", rappelle le journaliste.

"Tension palpable"

Dimanche, le ministère français de la Défense a fait état d'une "tension" palpable entre soldats français et certains groupes armés dans les rues de la capitale. Un climat de nervosité dont témoigne, lui aussi, Matthieu Mabin. "Nous avons assisté hier [lundi] à des incidents. Les militaires français ont parfois des difficultés à saisir les armes", précise-t-il. Sur le terrain, la tâche des troupes françaises est d'autant plus difficile que, depuis leur déploiement, les miliciens ont remisé leur uniforme pour des habits civils.

Dans les quartiers à majorité chrétienne, la confiscation des armes d'anciens rebelles présumés de la Séléka, pour la plupart musulmans, est accompagnée par des applaudissements (voir reportage ci-dessous). Mais les accrochages restent nombreux, notamment dans certaines zones de Bangui où des civils pillent des magasins appartenant à des musulmans. Sous le regard impuissant des soldats français qui, conformément aux cadres de leur mission, ne peuvent effectuer que des tirs de sommation.