Alors que le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a accepté, lundi, des pourparlers avec l'opposition pour trouver une issue à la crise politique, la police a commencé à démonter les barricades de manifestants pro-européens.
Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a accepté, lundi 9 décembre, l'idée de pourparlers avec l'opposition, afin de trouver une sortie à la crise politique que traverse le pays depuis son refus d'un rapprochement avec l'UE.
Cette main tendue du pouvoir survient au lendemain d'une manifestation réunissant des centaines de milliers de personnes à Kiev, dont la mobilisation ne semble pas faiblir lundi, malgré de fortes chutes de neige. Dans le même temps, la police ukrainienne a repoussé des manifestants pro-européens qui bloquaient le siège du gouvernement à Kiev.
Poussés par les forces anti-émeutes, les manifestants ont reculé le long de la rue en direction de la place de l'Indépendance, coeur de la manifestation, qui se trouve en contrebas, selon un photographe de l'AFP sur place. Aucun heurt n'a été constaté, des députés présents appelant les opposants à s'exécuter face aux demandes des forces de l'ordre.
Rencontre avec trois ex-présidents
Le chef de l'État a en outre annoncé une rencontre dès mardi avec les trois ex-présidents du pays pour évoquer la mobilisation en cours. Léonid Kravtchouk, le premier président de l'Ukraine indépendante, Léonid Koutchma, dont l'actuel président a été le Premier ministre, et Viktor Iouchtchenko, sorti vainqueur de la Révolution orange de 2004, avaient apporté la semaine dernière leur soutien au mouvement.
Cette rencontre doit poser les bases de pourparlers réunissant pouvoir et opposition dans le but de "trouver un compromis". Elle coïncidera avec l'arrivée à Kiev de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, pour une mission de conciliation avec en vue "la recherche d'une solution politique".
"Il ne s'agit pas d'une médiation formelle", a souligné la commission européenne, avant d'ajouter que l'UE ne prétendait pas régler la crise, cette tâche revenant "aux forces politiques ukraniennes".
Association avec l'UE versus rapprochement avec la Russie
Les opposants réclament le départ de Viktor Ianoukovitch, à qui ils reprochent d'avoir renoncé fin novembre à la signature d'un accord d'association avec l'UE au profit d'un rapprochement avec la Russie.
La mobilisation, sans précédent depuis la Révolution orange, a été renforcée par les violences que les forces anti-émeutes sont accusées d'avoir commises contre de jeunes manifestants le 30 novembre, puis par une escale vendredi du président ukrainien en Russie, pour des entretiens avec son homologue russe Vladimir Poutine.
L'opposition estime que l'actuel président prépare en secret l'entrée de l'Ukraine, en grandes difficultés économiques et financières, dans l'Union douanière menée par Moscou avec d'anciennes républiques soviétiques.
Dimanche a eu lieu un nouveau rassemblement massif à Kiev d'environ 300 000 manifestants, selon les estimations de l'AFP, et d'autres protestations de dizaines de milliers de personnes dans d'autres villes du pays.
La journée s'est terminée par le déboulonnage d'une statue de Lénine, symbole de la domination de Moscou sur l'Ukraine à l'époque soviétique, par quelques dizaines de manifestants, issus notamment du parti ultra-nationaliste Svoboda.
Le pouvoir a haussé le ton ces derniers jours contre les manifestants, exigeant la fin de l'occupation de certains bâtiments publics. Le gouvernement a annoncé l'ouverture d'une enquête pour tentative de prise illégale du pouvoir.
Avec dépêches (AFP)