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Les masques de la tribu Hopi de nouveau cédés aux plus offrants à Paris

Malgré la demande de suspension de l'ambassade américaine, la vente aux enchères des masques amérindiens Hopi se tiendra bien lundi après-midi à l'Hôtel Drouot, à Paris. Début avril, une autre vente controversée avait déjà eu lieu dans la capitale.

L’histoire se répète. Quelques mois après l’indignation suscitée par une première vente d’objets sacrés amérindiens à Paris, la société de vente EVE a annoncé que les masques des indiens des tribus Hopi et Apache San Carlos seront bel et bien mis aux enchères lundi 9 décembre à l'Hôtel Drouot.

"Suite à une demande du chargé d'affaires de l'ambassade des États-Unis à Paris, qui demandait le report de cette vente des masques des tribus Hopi et Apache San Carlos à une date ultérieure, argumentant, entre autres, que les représentants des dites tribus n'avaient pas eu le temps de se déplacer pour apprécier les masques visuellement, la maison de ventes a répondu dimanche que d'une part la tribu Hopi avait eu la possibilité de faire valoir ses arguments devant le juge et qu'elle avait été déboutée, d'autre part qu'un échange de courriers motivés a eu lieu avec la tribu Apache San Carlos", a indiqué EVE. "La vente sera donc réalisée dans la plus stricte légalité", a déclaré le commissaire-priseur Alain Leroy, cité dans un communiqué.

L’ambassade des États-Unis a, en effet, tenté, samedi 8 décembre, de faire suspendre la vente en mettant en avant l’argument de l’importance de ces objets pour les communautés Hopi et Apache. Le communiqué de la représentation américaine précisait que les deux tribus devaient pouvoir avoir "la possibilité d'identifier les objets, de vérifier leur provenance" afin de déterminer si elles pouvaient "revendiquer ces objets selon les termes de la Convention de l'Unesco de 1970 sur l'exportation et le transfert de propriété de biens culturels, ou de toute autre juridiction".

Une association déboutée par la justice

Cette intervention faisait suite à l’échec de Survival International, l’association de défense des peuples aborigènes, à empêcher légalement cette vente aux enchères de 25 masques Hopi. L’association a en effet été déboutée par le tribunal de grande instance de Paris, vendredi 6 décembre, de sa demande de suspension. "Si la vente de ces objets cultuels peut constituer un outrage à la dignité de la tribu Hopi, cette considération morale et philosophique ne donne pas, à elle seule, droit au juge des référés de suspendre la vente de ces masques qui n'est pas interdite en France", a notamment considéré la juge des référés, Claire David, dans son ordonnance consultée par l'AFP. Le document pointe également qu'"aucune disposition législative française n'interdit la vente d'objets provenant de la tribu Hopi".

Quant à la tribu concernée, elle été déclarée irrecevable à agir, dans une ordonnance de référé.

Considérés comme sacrés, les masques appelés "Katsinam" par les indiens de la tribu Hopi, sont portés par des danseurs lors de cérémonies religieuses, généralement interdites aux personnes extérieur. En avril dernier, la maison Neret-Minet & Tessier Sarrou avait vendu 70 masques Hopi pour 930 000 euros, à l’Hôtel Drouot, à Paris, malgré une vague de protestations des associations et de personnalités comme l’acteur Robert Redford.