Quelque 1 600 soldats ont commencé à se déployer dans Bangui, ses faubourgs et le reste de la Centrafrique. Matthieu Mabin et Alexander Turnbull, envoyés spéciaux de FRANCE 24, ont suivi une patrouille dans les rues de la capitale. Reportage.
Chaque matin, Bangui compte les cadavres de la nuit jonchés sur le sol. Dans les rues de la capitale centrafricaine, une fillette en larmes pleure la mort de ses parents. "Pourquoi ont-ils tué mon père ? Il n’avait rien fait !", hurle-t-elle en se laissant tomber à terre.
"La période d'impunité est terminée", a prévenu dimanche soir le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui s'exprimait sur des médias français.
"Demain [lundi 9 décembre], tout le monde pose les armes", a affirmé le ministre. Ou alors "on utilise la force pour les faire poser", a-t-il mis en garde.
En véhicules blindés ou à pied, pour la deuxième journée consécutive, les soldats français de l'opération "Sangaris" ont été très visibles, dimanche 8 décembre, sur les boulevards et carrefours stratégiques de Bangui, après les massacres des jours derniers.
Depuis le début des affrontements jeudi 5 décembre, près de 400 victimes ont été recensées à Bangui, selon les données de la Croix-Rouge centrafricaine. Des attaques dans certaines parties de la ville, samedi 7 décembre, laissent craindre un bilan bien plus lourd.
Traumatisés par les massacres de ces derniers jours, les Centrafricains ont accueilli avec le sourire les militaires français, dont le contingent atteint désormais 1 600 hommes dans tout le pays. Depuis que les 850 parachutistes français quadrillent les boulevards de Bangui, les affrontements entre milices chrétiennes et musulmanes ont cessé. Mais pas les exactions.
Mission : éviter l'embrasement interreligieux
La mission prioritaire des militaires : empêcher l’embrasement interreligieux. La présence française est désormais synonyme de sécurité. "Nous sommes très contents que l’armée française soit dans les rues. D’ici trois à quatre jours, la vie va reprendre et nous serons en paix ”, espère un habitant d'un quartier à majorité musulmane.
Plus loin, l'armée traverse un secteur chrétien, indique le capitaine Barrès. C'est le quartier où vivait l'ex-président François Bozizé, renversé en mars dernier par la Séléka. "Cette zone est acquise à sa cause et donc sensible aux possibles exactions", indique l'officier.
À la vue des militaires français, les habitants sortent de chez eux pour la première fois depuis trois jours. Excédés, ils expliquent à l’officier qu’ils sont harcelés, jour et nuit, par des ex-rebelles de la Séléka.
La Centrafrique, ancienne colonie française, est en proie au chaos depuis la prise du pouvoir en mars par les rebelles musulmans de la Séléka. En représailles, les chrétiens, largement majoritaires en République centrafricaine ont constitué des milices dites "anti-Balaka". Michel Djotodia, président autoproclamé après le coup d'état, ne parvient pas à contrôler ses forces, très instables, dont de nombreux éléments viennent du Tchad et du Soudan voisins.