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L'Iran entrouvre ses portes aux grands pétroliers américains

Le ministre iranien du Pétrole a déclaré, mercredi à Vienne, que son pays ne fixait aucune restriction à l'encontre des groupes pétroliers américains. Un nouveau signe de détente entre Téhéran et Washington après l'accord sur le nucléaire.

Après le dégel, la lune de miel ? Depuis l’accord intermédiaire sur le nucléaire iranien scellé entre les grandes puissances et Téhéran, à Genève le mois dernier, les signaux de détente envoyés de part et d’autres se multiplient.

Le fait que l’Iran entrouvre officiellement ses portes à des grands pétroliers américains en est la dernière illustration. C’est le nouveau ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh en personne, qui l’a déclaré à la presse mercredi à Vienne, en marge d’une réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).

En effet, interrogé sur les firmes avec lesquelles son pays, qui a annoncé son intention de "revenir immédiatement aux pleines capacités de production", souhaiterait collaborer à nouveau, le ministre a, dans un premier temps, cité les géants européens dont le français Total. Avant d’ajouter qu’il n’existait aucune restriction concernant les groupes américains, et de mentionner deux d’entre eux, en l’occurrence ConocoPhillips, spécialisé dans l'exploration et la production d'hydrocarbures, et Chevron, le numéro deux du pétrole aux États-Unis.

Le fait de citer et d’inviter nommément des grands groupes américains à investir dans ses champs pétroliers constitue une première pour la République islamique. Voire même une révolution pour un régime qui, depuis son instauration en 1979, a forgé son identité en partie sur son antagonisme avec le "Grand Satan".
Contacts indirects
Fin novembre, le même Bijan Zanganeh, un technocrate nommé ministre par le président Hassan Rohani en remplacement d'un ancien membre des gardiens de la révolution, avait confié au "Financial Times" que son pays avait entamé des discussions avec des firmes occidentales. Tout en précisant qu’il avait personnellement déjà rencontré des représentants d'entreprises européennes. Mais il avait également laissé entendre que des contacts indirects avaient eu lieu avec des pétroliers américains.
Contactés par "The Wall Street Journal", le groupe ConocoPhillips a refusé de commenter les propos du responsable iranien. De son côté, Chevron a dit "agir en conformité avec la loi américaine et qu’il ne s’était pas engagé dans des discussions privées avec l’Iran".
La sensibilité de la question et les intérêts en jeu expliquent ce silence et cette méfiance. Car en effet, l'accord de Genève n’a pas levé les sanctions internationales qui frappent et limitent les exportations pétrolières d’un pays qui a grandement besoin de capitaux étrangers. Mais si jamais l’Iran respecte l’intégralité de l’accord intérimaire au cours des six prochains mois, et qu’elle paraphe, après un nouveau round de négociations, un accord définitif comme cela est prévu, l’ensemble des sanctions seront à terme levées.
À ce moment, les compagnies occidentales qui ont l’interdiction de traiter avec l’Iran, depuis les années 1990 pour les Américains et 2010 pour les Européens, seront autorisées à investir dans le pays et à négocier des contrats d’exploitation, d’exploration et de production avec Téhéran.