L'étude Pisa 2012 de l'OCDE publiée mardi - qui évalue sur trois ans les compétences des élèves de 15 ans - révèle d'importantes failles du système éducatif français. Politiques de droite et de gauche se rejettent mutuellement la responsabilité.
Les mauvais résultats de la France au classement Pisa 2012 (Programme for International Student Assessment) de l'OCDE ne sont pas une surprise. "Vous allez voir en décembre, on va avoir les nouvelles études Pisa. La France décroche totalement dans les performances de ses élèves. Sur dix ans, ça devient dramatique", s'était avancé le ministre de l’Éducation, Vincent Peillon, le 10 octobre dernier, sur le plateau du Grand Journal de Canal Plus.
Le ministre avait vu juste. Dans la nouvelle édition, parue mardi 3 décembre, le classement qui évalue les compétences des jeunes de 15 ans dans les domaines de la lecture, des mathématiques et des sciences, la France a été rétrogradée à la 25e place des 65 pays ou économies participants.
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De plus en plus d'inégalités
Dans le précédent Pisa 2009, auquel 75 pays et économies avaient participé, la France occupait alors la 22e place dans le classement global, à quelques encablures de l'Allemagne, qui la devance désormais à la 16e place.
La "performance" des élèves français en mathématiques a notamment diminué de 16 points entre 2003 (511) et 2012 (495), ce qui en neuf ans fait passer la France des pays dont la performance est supérieure à la moyenne de l'OCDE aux pays dont la performance est dans la moyenne de l'OCDE.
Plus alarmant, le système éducatif français favoriserait le fossé entre "très bons" et "très mauvais" élèves."En France, le système d'éducation est plus inégalitaire qu'il ne l'était neuf ans auparavant. En d'autres termes, lorsqu'on appartient à un milieu défavorisé, on a aujourd'hui moins de chance de réussir en France qu'en 2003", révèle l'étude. En outre, d’après l’OCDE, les élèves issus de l'immigration sont au moins deux fois plus susceptibles d'être en échec scolaire en France.
À gauche comme à droite, on se renvoie la responsabilité deces piètres résultats. Pour Laurent Wauquier, ex-ministre UMP de l’Enseignement supérieur, il y a deux raisons au déclassement de la France. "D’abord, on cherche à traiter tous les enfants exactement de la même manière. […] Le collège unique aboutit de fait à du massacre et pour ceux qu’on a besoin de stimuler et pour ceux qu’on a besoin d’accompagner". Ensuite, "le décrochage a lieu aujourd’hui en France surtout au niveau du primaire", a-t-il expliqué mardi sur BFMTV et RMC.
"La facture éducative de 10 années de droite"
L'ancien ministre UMP de l'Éducation Luc Chatel a lui aussi la dent dure contre le gouvernement Ayrault."Quand on sélectionne les professeurs à un niveau d'exigence plus élevé, on a de meilleurs résultats. Le gouvernement est en train de faire le contraire: au dernier concours, pour recruter les 60 000 postes supplémentaires, on a baissé la barre, on a recruté des étudiants à 8/20", a-t-il déclaré sur France 2.
"Les critiques formulées ce mardi par Luc Chatel contre l'actuel gouvernement sont parfaitement intolérables et déplacées au regard de son bilan [...]", réplique-t-on au Parti socialiste. "La France vient de recevoir la facture éducative de 10 années de droite au pouvoir. Les résultats de notre système éducatif, évalués par le test Pisa entre 2009 et mai 2012, montrent à quel point la précédente majorité a délaissé l'éducation", affirme le PS dans un communiqué.
Vincent Peillon, qui a qualifié les résultats de "préoccupants" et "inacceptables", a toutefois voulu garder son optimisme. "Le moment est venu de nous rassembler autour [...] de nos enseignants", "notre école a des atouts importants" et des résultats qui "restent positifs", a-t-il jugé, demandant que "l'on ne tombe pas dans la déploration".
Avec AFP et REUTERS